

Faire voter un Droit de la Nature, pourquoi faire ?
Equateur, Bolivie, Etats-Unis : de plus en plus de pays reconnaissent des droits de la Nature sur tout ou une partie de leur territoire. Récemment, c’est le Panama qui a adopté une nouvelle législation en sa faveur. Au bout du compte, pourquoi accorder des droits à cette Dame qui nous est si chère ?
2022 M04 22
Désormais, le Panama reconnait à la Nature "le droit d’exister, de persister et de régénérer ses cycles", "le droit de conserver sa biodiversité" et " le droit d’être restaurée après avoir subi des dommages". Il rejoint la petite dizaine de pays dans le monde qui reconnaît une personnalité juridique à la Nature.
La genèse du droit à la Nature
Théorisés au début des années 70, les droits de la Nature trouvent leurs racines dans un article fondateur du juriste américain Christopher Stone : "Les arbres doivent-ils pouvoir plaider ?". En proposant des droits aux arbres, il s’érigeait contre un projet de Walt Disney Company qui menaçait une forêt de séquoias en Californie. Depuis, le concept s’est enrichi au point de donner naissance à des principes et à différents textes qui ont abouti à des lois de protection de la Nature dans certains pays. Rédigée par le philosophe Thomas Berry, la Jurisprudence de la Terre envisage la Nature comme une communion de sujets et non comme une collection d’objets. Ce texte capital a inspiré la législation de certaines villes américaines dès 2006, qui ont reconnu des droits à des écosystèmes locaux. En 2008, l’Equateur est le premier pays à avoir accordé des droits à la Nature sur tout son territoire. En 2009, l’ONU a initié un processus de réflexion autour d’une vie harmonieuse avec...la Nature, toujours. En 2010 la Bolivie a adopté la "Déclaration universelle des droits de la Terre mère" qui lui donne le statut d'être vivant composé d’êtres interdépendants. Bref, animaux, êtres humains et plantes sont tous dans le même bateau et ne peuvent vivre l’un sans l’autre.

Légiférer pour mieux protéger la Nature
Le droit de la Nature vise à lui conférer un statut juridique la considérant comme élément essentiel à la vie. Plus question alors pour nous de piocher dans ses ressources comme bon nous semble ! La Nature doit être respectée, protégée…au même titre que l’Homme. Ce droit vise à jeter les bases éthiques et juridiques d’un système davantage biocentré favorisant la vie et l’immuable régénération des écosystèmes, comme l’explicite le site droitsdelanature.com. En cas de violation constatée, la justice pourrait être saisie et le juge pourrait ordonner la restauration de l’écosystème au titre de son droit à la réparation en cas de dommages. Pour l’heure, seules la Bolivie, le Brésil, la Colombie, les Etats-Unis, l’Equateur, l’Inde, le Mexique et la Nouvelle-Zélande ont adopté des textes qui arrogent des droits à la Nature.
En France, comme dans tous les autres pays de l’UE, il n'existe pour l’instant aucune loi allant dans ce sens. Toutefois, en mars 2017, le Parlement de Bruxelles a organisé une première rencontre sur le sujet à l’initiative de l’ONG Nature’s rights.

Et quid du droit des animaux ?
En tant que sujets de la Nature, les animaux devraient profiter des mêmes droits que la Nature. Eh bien, justement, l’Équateur, encore lui, est devenu le premier pays à leur en donner. C’est la mort d’un primate après son placement dans un zoo qui a déclenché une action en justice. Elle a abouti à une décision historique de la Cour Suprême équatorienne qui accorde désormais des droits légaux aux animaux sauvages, a rapporté Inside Climate News le 29 mars dernier.
A quand la reconnaissance du crime d’écocide qui permettrait de punir les atteintes à toutes les formes de vie et d’écosystème de la Nature ?