Ces médias qui profitent de la crise pour imprimer un journalisme plus engagé

Ils s’appellent Gaze, Chut !, Give, Soror, Aider ou la Déferlante. Leur point commun ? Chacun de ces magazines ou médias militent tout en informant. Révolutions féministes ou regards nouveaux sur l’humanité, alertes sur l’environnement, écoresponsabilité, minorités… Cette presse nouvelle génération s’engage et le crie sans mâcher ses mots. Pourquoi ? On décrypte.

Se réinventer à l’heure de la pandémie

La presse est en crise. Ce crédo et cette réalité, malheureusement, on l’entend depuis plusieurs années. Alors que le digital a pris le pas sur le papier, on observe depuis quelques années une nouvelle presse émergente, plus engagée, qui prend un virage sur la presse existante et qui ne lésine pas sur ses positions et points de vue. Sujets de société, environnement, féminisme, minorités, solidarité, plus que jamais à l’heure post-Covid les médias n’ont cessé de se réinventer pour être lus et appréciés. Alors l’engagement est-il la solution ? Des magazines déjà bien ancrés comme We Demain ou Causette font office de modèle, voire d’inspiration. Mais sur le papier, qu’est-ce qui motive les nouveaux médias à se lancer ? Comment peut-on analyser cette multiplication de magazines nouveaux et engagés, prêts à faire bouger nos idées et les agir pour l’humanité ?

Faire du journalisme « positif »

Un magazine comme Gaze, né en 2020 et bi-annuel, propose à ses lectrices et lecteurs un objet hybride, en 160 pages sans publicité, l’occasion de réfléchir sur les femmes. Il expose des regards féminins et comme l’explique très bien l’une de ses fondatrices, Clarence Edgar-Rosa, Gaze est « une porte d’entrée sensible et inspirante dans les expériences et les vécus des femmes, avec un féminisme inclusif et intersectionnel ».

Clarence explique : « Gaze est un titre résolument féministe, détaché de l’actu, qui offre une approche sensible, intime et artistique plutôt qu’un débat idéologique. J'observais par ailleurs que la plupart, si ce n'est la totalité des médias, notamment féministes, sont détenus par des hommes et il me semblait nécessaire qu’une forme d'équilibre soit rétabli en la matière ».

Sur le même schéma de proximité avec ses lecteurs, le magazine Chut ! en ligne et papier interroge l’impact des technologies dans nos vies. « Après un premier numéro consacré à la place des femmes dans le domaine des technologies, un numéro deux sur le thème de la ville de demain, un numéro trois sur le rapport entre apprentissage et technologie, et un numéro quatre sur les rapports entre technologies et écologies, nous explorons à présent le lien entre numérique et santé ». Autrement dit, cette presse, qu’elle soit féministe ou tech, s’engage pour plus de visibilité de ses sujets et se place au plus proche de ses lecteurs, lectrices. En donnant des solutions et en incitant à agir, ces nouveaux médias connaissent un écho considérable auprès de leur audience, qui se sent plus investie, résolument motivée à changer le monde.

Quel avenir pour cette presse engagée et inclusive ?

Même si encore confidentielle et de niche, cette presse engagée trouve un public de plus en plus stimulé par les sujets abordés et l’investissement des rédactions de ces nouveaux médias. Pour exister, cette presse a fait appel à ses lectrices et lecteurs, avec un système économique de nouvelle génération, contrairement aux médias traditionnels, financés encore aujourd’hui par la publicité. « Notre modèle économique est basé sur notre lectorat en premier lieu, notamment le soutien de nos abonné.e.s et les librairies qui nous font confiance et que nous sélectionnons avec soin. Gaze existe digitalement sur les réseaux sociaux et bientôt à travers une newsletter culturelle, mais c’est dans le monde physique que l’on veut qu’il perdure : dans les bibliothèques de nos lectrices et lecteurs, car on veille à ce que son contenu ne soit pas périssable et s’inscrive dans le temps. C’est un objet qui se garde », nous explique Clarence Edgar-Rosa.

Durables. Avec l’appui des réseaux sociaux et du digital, les magazines se lancent avec telles des révolutions prêtes à casser les codes et les tabous de notre société. Dernier nouveau-né, La Déferlante est la première revue trimestrielle post #MeToo, consacrée aux féminisme et au genre. Un projet financé là encore par une campagne participative atteinte, pour une revue sans publicité et indépendante. Même si les médias traditionnels ont encore pignon sur rue, ces nouveaux médias ont bonne presse et ont toutes les chances de devenir les références du monde de demain. À croire qu’ils ne sont juste pas… pressés.