2021 M03 26
Passer du plastique à des emballages recyclables, pour nos fruits et légumes, est déjà une avancée en termes de durabilité. Mais bien évidemment, vendre des produits biologiques en vrac est encore mieux. Pourtant, l’UE impose que tous les articles vendus en vracs soient marqués, d’où l’utilisation d’autocollants. Même si ces petites pastilles peuvent sembler un élément de préoccupation dérisoire, leur retrait pourrait permettre d’économiser d’importantes quantités d'emballages.
Et le natural branding est une alternative pertinente pour cet étiquettage. Une méthode innovante qui consiste à creuser finement la couche externe de la peau des fruits et légumes à l’aide d’un laser afin d’y faire apparaître ce qui auparavant aurait nécessité l’utilisation d’une étiquette.
Cette technique d’impression ne nécessite aucune substance supplémentaire et n’altère ni le goût ni la qualité du produit. Elle a été approuvée en 2013 par le certificateur biologique européen SKAL. Une sorte de "tatouage comestible" qui permet d’économiser du plastique mais aussi de l’énergie car cette méthode d’impression nécessite moins d’1% de l’énergie nécessaire à la création d’un autocollant.
Des expériences réussies en Belgique et aux Pays-Bas
Cette technologie de Laser Food existe depuis plusieurs années mais jusqu’à présent, elle était utilisée uniquement comme outil marketing sans être explicitement liée à son avantage en termes de durabilité. Pourtant, en limitant le nombre d’emballages utilisés, cette pratique ne fera que renforcer l’engagement des consommateurs qui souhaitent réduire leur empreinte environnementale envers les produits biologiques.
Depuis 2017, le fournisseur néerlandais de fruits et légumes bio Nature & More et le supermarché suédois ICA ont donc uni leurs forces pour proposer cette alternative. Selon Nature & More, elle permettrait, juste pour une ligne de produits, d’économiser 750 000 unités d’emballages ce qui représente l’équivalent des émissions CO2 d’une voiture moyenne qui ferait 1,3 fois le tour du monde.
D’abord utilisée sur les avocats et les patates douces, elle a ensuite été étendue à une vingtaine de produits dont la courgette ou encore le fenouil. En Belgique, ces tatouages comestibles ont aussi séduit le supermarché Delhaize qui espère bien économiser environ 13 tonnes d’emballages par an grâce à cette pratique.
Vers une démocratisation de cette pratique d’étiquetage ?
Une alternative durable donc qui pourrait être poussée plus loin. Alors que ces tatouages naturels sont pour le moment utilisés pour distinguer les produits biologiques des autres par l’impression du label bio, pourquoi par exemple ne pas imaginer des codes barres directement imprimés sur les fruits et légumes ?
Une technique qui pourrait bien se démocratiser pour répondre aux enjeux de durabilité de la grande distribution mais qui pourrait aussi être approfondie. Car, petit bémol : les fruits et légumes à la peau trop fragile tels que les tomates par exemple ne peuvent pas bénéficier de ce petit tatouage. Et si le prix d’une machine laser pourrait à priori être un frein à la démocratisation de cette pratique, elle n’en est finalement pas un selon Michaël Wilde, responsable du développement durable et de la communication chez Nature & More, car, une fois cet investissement initial fait, la machine est presque plus rentable que les autocollants. De quoi avoir bon espoir quant à sa diffusion.