2021 M05 18
Avoir un week-end de trois jours chaque semaine, toute l’année, cela vous tenterait ? Qu’on l’appelle « semaine de 4 jours » ou « les 32 heures » le projet est le même : diminuer le temps de travail obligatoire pour permettre d’embaucher. Le débat est un serpent de mer européen, mais avec la pandémie qui a entraîné l’explosion du chômage technique et développé le recours au télétravail, les partisans de ce modèle raccourci reviennent à la charge. En Espagne, l’État débloque 50 millions d’euros pour un test grandeur nature.
L'Espagne va tester chez elle la semaine de travail de 4 jours. Voilà qui doit enchanter Pierre @larrouturou. ;-) #32Heures https://t.co/L3v8buGsGw
— Thomas Guénolé (@thomas_guenole) May 12, 2021
Dès cet automne, 200 entreprises ibériques passeront à la semaine de 4 jours sans modifier les salaires. L’expérience sera suivie pendant 3 ans, autant auprès des salariés que du marché de l’emploi, avant de décider si elle peut être appliquée au reste du pays où le temps de travail hebdomadaire est limité aujourd’hui à 40 heures. Même esprit outre-Rhin où des négociations entre syndicats ouvriers de la métallurgie sont ouvertes pour réduire le temps de travail à 4 jours par semaine pour éviter de licencier quelques 300 000 emplois. Un discours dont Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT en France, ne changerait pas la moindre virgule, lui qui considère la réduction du temps de travail à 32 heures « inéluctable ».
Mode d’emploi(s)
C’est Microsoft qui a mis le feu aux poudrières. En août 2019, sa filiale japonaise passait à la semaine de 4 jours pour tous ses 2300 salariés et offraient une prime de 750 € environ pour leurs congés. Tout fier, Microsoft annonçait quelques semaines plus tard un bond de la productivité de 40 %. Et un taux de satisfaction de 92 % chez les travailleurs. Il n’en fallait pas plus pour motiver nos patrons.
Microsoft Japon expérimente avec succès la semaine de quatre jours https://t.co/K2cpsc5u4V
— Pierre Aldama (@paldama) November 17, 2019
Chez nous, le pionnier dans ce domaine se nomme Antoine Riboud. Dès 1993, le patron de Danone suggérait de « descendre à 32 heures, sans étape intermédiaire » pour forcer la création d’emploi. C’est ce qu’a fait le revendeur d’informatique LDLC en Février, imposant à ses salariés 32 heures de travail en 4 jours, chacun gagnant un jour de congé hebdomadaire. Mais d’autres formules existent.
Depuis 1997, la société de recyclage Yprema a choisi les 35 heures en 4 jours pour ses équipes sur le terrain, qui dépassent donc les 8 heures quotidiennes. Tandis qu’à Montpellier, chez RadioShop il a fallu attendre le déconfinement pour passer aux « 32 heures hebdomadaires, payées temps plein » pour assurer 3 jours de congés à tous.
Si certains salariés appréhendaient une intensification radicale de la charge de travail, le fondateur de RadioShop Thomas Bergerot l’assure déjà, « après un temps d'adaptation, cette mesure fait désormais l'unanimité ».
Travailler moins pour (y) gagner plus
En pratique comment ont-ils fait ? Pour travailler plus intésément il faut supprimer ce qui perd du temps mais pas ce qui rend le cadre de travail agréable. Ce ne sont donc pas les pauses qui disparaissent mais… les réunions. Chez LDLC, on les limite à 30 minutes maximum et on privilégie les visios ou chat plutôt que les rassemblements physiques. Pas besoin de se déplacer jusqu’à la salle, c’est aussi du temps de gagné. A l’inverse de longs échanges de mails qui perturbent la concentrations peuvent être remplacées par de bref échanges de vive voix. Mais surtout, en obtenant plus de temps pour se reposer et être « off », les employés sont plus à même d’attaquer leur travail avec efficacité. C’est l’anti-surmenage. De plus, avoir un temps à allouer à d’autres préoccupations que son travail permet d'avancer sur ses projet personnels, qu'on parle de loisirs ou de temps en famille.
Win-win pour les équipes comme la production, donc mais il y a un autre gagnant : la planète. En 2012 un calcul de l’OCDE arrivait à l’équation suivante : réduire de 10 % le temps de travail diminue de 14,6 % l’empreinte carbone. Là encore d’abord grâce aux kilomètres de trajets économisés, ainsi qu’en coupant les ordinateurs , évitant les consommations (cafés, papier etc) et services annexes (ménage, lessive) ainsi que les détours chez le pharmacien pour un anxiolitique et des somnifères. Bref, travailler moins c'est mieux respecter le vivant. Et donc mieux vivre.
Quelqu'un peut il expliquer à @BrunoLeMaire que "travailler davantage" en augmentant le temps de travail de ceux qui en ont un, cela ne permet pas de "travailler tous" mais va inévitablement augmenter le chômage ?
— Raphael Pradeau (@raphpradeau) June 15, 2020
C'est au contraire le moment de réduire le temps de travail #32h https://t.co/3az5xMw056