

Exportation des déchets vers les pays en développement : merci de demander la permission !
Après le refus de la Chine de s'occuper de traiter les déchets de l'UE, comme c'était le cas auparavant, de nombreux pays en développement croulent désormais sous le poids de nos ordures. Mais la Commission Européenne vient de modifier les règles du jeu, au moins pour les déchets dangereux ou non recyclables, qui doivent désormais bénéficier du consentement des pays importateurs.
2021 M03 18
En 1970, les pays développés ont vu le cadre réglementaire visant à protéger l’environnement se renforcer, ce qui a mécaniquement augmenté les coûts d’élimination des déchets. Les pays en développement avaient quant à eux un besoin urgent de devises étrangères. La mondialisation des transports a donc été l’opportunité d’opérer une sorte d'échange « gagnant-gagnant » : la commercialisation de l'envoi des déchets dangereux des pays développés vers les pays en développement afin qu’ils y soient traités.
Mais cet échange est aujourd'hui à l’origine d’une forte pression sur l’environnement. En plus des émissions de CO2 que suppose le transport de ces déchets, ces derniers, une fois arrivés à destination, sont parfois brûlés ou rejetés dans la nature au lieu d’être recyclés. Plusieurs scandales dont le bien connu Khian Sea, ce navire qui avait déposé frauduleusement dans les années 1980 un tiers de sa cargaison de cendres sur une plage haïtienne puis le reste dans l’océan, sont venus questionner cette pratique de gestion des déchets.
C’est notamment pour répondre à ces dérives que la Convention de Bâle est entrée en vigueur en 1992. Le but était de réduire la circulation de ces déchets dangereux entre les pays et notamment vers les pays en développement. Cependant, par son caractère peu contraignant, cette convention n’a pas réussi à endiguer ce commerce nocif pour l’environnement. Et pour cause, rien qu’en 2019 l’Union européenne aurait exporté 1,5 million de tonnes de déchets plastiques selon Bruxelles.
« Depuis 1992, plus de 60% des déchets plastiques du monde ont terminé leur course en Chine. »
L'Union Européenne renforce sa politique de gestion des déchets en faveur des pays en développement
Le 10 mai 2019 à Genève, 187 pays se sont mis d’accord pour ajouter une mesure à cette convention afin d’imposer plus de transparence concernant les déchets exportés et de permettre aux pays de refuser leur importation s’ils sont toxiques ou non recyclables.
Ainsi, les pays exportateurs devront désormais obtenir l’accord des pays d’accueil avant d’y transférer leurs déchets. Seuls certains types de plastiques « à condition qu’ils soient exempts de contamination » pourront continuer à prendre le large vers les pays non-membres de l’OCDE où ils pourront y être facilement recyclés.
Ce nouveau règlement, plus contraignant, a été établi par la Commission européenne et est entré en vigueur au 1er janvier 2021. Le but étant de limiter l’exportation des déchets dangereux à l’autre bout du monde, dans des pays qui n’ont pas toujours les moyens techniques suffisants pour les recycler.

Les chiffres de la crise des déchets en Asie
Historiquement, la gestion de nos déchets - notamment les déchets plastiques - était déléguée à la Chine, qui a mis en place un système élaboré de recyclage et réutilisation de ces matériaux. On estime que, depuis 1992, plus de 60% des déchets plastiques du monde ont terminé leur course en Chine.
Mais à partir de 2017, la Chine décide de mettre fin à ce rôle de "poubelle du monde". Entre 2017 et 2018, elle a réduit ses importations de déchets de plus de 95%. Dans le même temps, les exportations de déchets vers les autres pays asiatiques ont explosé : +56% vers l'Indonésie, +100% vers le Viet-Nâm et +1370% pour la Thaïlande.