Iris Duquesne : rencontre avec une lycéenne engagée pour la planète

« Il faut parler fort pour être entendue ». Iris Duquesne est française, lycéenne et surtout, c'est une véritable militante pour la planète. Son jeune âge est une force, sa voix puissante, et c'est de l'autre côté de l'Atlantique aujourd'hui que la Bordelaise d'origine fait entendre sa voix. Rencontre.

Aux côtés de Greta Thunberg à l'ONU, elle s'est exprimée avec conviction et sens. Engagée pour les océans, pour bouger les lignes politiques, Iris Duquesne appelle tous les jeunes à suivre sa route, hausser le ton et exprimer ses idées. Une véritable Marianne soucieuse de l'environnement et sans doute future femme politique... Voici Iris, en pleine éclosion.

Bonjour Iris, peux-tu te présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Iris Duquesne, j’ai 17 ans, je suis en terminale et je vis en Californie depuis 2 ans.

Où as-tu grandi ? 

J’ai grandi à Bordeaux, en Aquitaine. Mes parents et professeurs m’ont toujours appris l'importance du recyclage et de la préservation de l’environnement, donc j’ai plus ou moins toujours eu une certaine « conscience écologique ».

Comment en es-tu venue à t’engager, à ton tour ? Pourquoi ?

En arrivant en Californie, je savais que je voulais m’engager pour l’environnement, donc j’ai contacté une amie qui était un membre actif de Heirs To Our Oceans (une association très tournée vers la protection des océans et du « youth empowerment ») et je lui ai demandé si je pouvais les rejoindre. Elle m’a mise en contact avec la directrice (April Peebler) et assez vite, April m’a demandé si je voulais représenter la France dans une procédure légale à l’ONU contre la France et 5 autres pays. J’ai dit oui parce que j’avais vu beaucoup de vidéos de Greta Thunberg et le côté légal de la préservation de l’environnement était quelque chose qui m’attirait. Je voulais avoir un impact sur le monde mais aussi avoir l’impression d’être importante et écoutée.

Quelles causes défends-tu aujourd’hui ?

Aujourd’hui, je défends la cause de l’environnement et du développement durable. Je révise pas mal de lois et de textes qui vont passer au Sénat pour devenir des lois pour être sûre que ce sont de bons textes et qu’il n’y a pas de problèmes dedans. 

On t’a vu aux côtés de Greta Thunberg, qu’est-ce qu’elle représente pour toi ?

Greta représente pour moi un leader mais également un symbole ; le symbole de la jeunesse qui se pose des questions, la jeunesse qui en a marre et la jeunesse qui se révolte. Elle a initié un vrai mouvement que je veux faire durer et amplifier.

« Je pense que les gens m’appelant la « Greta Française » ne se rendent pas compte de ce que je fais vraiment. »

Que dis-tu quand on t’appelle la « Greta française » ?

Je pense que les gens m’appelant la « Greta Française » ne se rendent pas compte de ce que je fais vraiment. Je ne suis vraiment pas aussi active qu’elle et je ne m’exprime pas non plus aussi bien qu’elle. C’est flatteur mais pas très vrai.

Sur le climat, quels messages aimerais-tu faire passer en cette fin d’année ?

En cette fin d’année et en ces circonstances-là, je pense qu’un message d’espoir est une bonne idée. Il est possible d’améliorer la situation écologique. Beaucoup d’adultes sont prêts à nous écouter et à nous aider. Les médias ont aussi beaucoup tendance à véhiculer un message extrêmement négatif sur le sujet. La situation est urgente, mais pas immuable. 

Que penses-tu de notre avenir ? Pour les générations futures ?

Notre avenir est très incertain. J’aime croire que tout va s’arranger et que les « adultes » vont régler la situation, seulement ce n’est pas vrai. On a besoin de tout le monde, y compris et surtout de la jeunesse. Ce n'est que quand on aura tout le monde que le futur paraîtra plus clair. Pour l’instant, on ne peut que spéculer et continuer à demander que plus de choses soit faites pour notre planète.

Comment agir ? Penses-tu que les adolescents et jeunes adultes ont un rôle à jouer aussi ?

Les adolescents ont un rôle clair à jouer, à savoir tirer la sonnette d’alarme. On ne peut pas voter pour l’instant, donc notre rôle c'est d’éduquer les plus vieilles générations sur comment nous aider dans notre combat. On peut agir en participant aux marches Fridays for Future, on peut faire notre propre petit compost, on peut arrêter de manger de la viande et même joindre une association (qui est par-ailleurs très cool car on se fait plein d’amis). Il faut continuer à manifester et demander plus d’actions. Il est temps de demander aux adultes de nous écouter.

Qu’est-ce qui te plaît dans tes actions ?

J’aime beaucoup mes actions parce qu’elles impactent des gens. J’ai eu par exemple beaucoup de gens sur Instagram me disant merci d’avoir été à l’ONU et avoir dit ce que j’avais dit. On voit une véritable libération des jeunes, leurs points de vue sont trop souvent négligés ou jugés illégitimes. Il faut plus écouter les jeunes et prendre en compte leurs pensées.

Quels conseils, gestes, pourrais-tu donner aux Français ?

Les meilleurs conseils ou plutôt mantras qu’on me n’ai jamais donné sont les suivants : « Il faut parler fort pour être entendue » et « personne n’est trop petit pour faire la différence ». Il est important de se donner les moyens de faire quelque chose si cette chose vous tient réellement à cœur. Et n’hésitez pas à vous faire entendre.

Que dire à celles et ceux qui ne croient pas au dérèglement climatique ?

Le réchauffement climatique est réel et inquiétant. De nombreuses enquêtes et données collectées depuis les années 60 montrent une forte hausse des températures chaque année. La terre se réchauffe d’elle-même, et c’est un fait naturel. Mais l’activité polluante humaine fait que ce réchauffement s’intensifie et cause de dommages irréversibles à la terre. Destruction d’habitats naturels, extinctions de masse de nombreuses espèces mais également dégradation d’habitations humaines. La communauté scientifique a prévu que les dommages seraient totalement irréversibles d’ici 2030, ce qui nous laisse moins de 10 ans pour régler le problème. Si nous ne faisons rien, c’est une terre polluée et à demi morte que nous laissons à nos enfants et petits-enfants. Les températures en été à Marseille monteraient jusqu’à 48 degrés Celsius, créant un air presque irrespirable. Ce n’est pas la vie que je veux pour mes enfants et petits-enfants. 

Comment agir aussi avec les réseaux sociaux ? Les outils actuels ?

Les réseaux sociaux sont de très bons outils pour communiquer et apprendre aussi. Avec Heirs to Our Oceans, on fait beaucoup de campagnes et de cours interactifs sur différents sujets liés à l’environnement pour garder notre communauté active. Le confinement m’a aussi poussé à aller découvrir de nouveaux comptes et ça m’a permis d’apprendre beaucoup sur l’impact de l’environnement sur plein d’autres sujets comme l’égalité hommes-femmes, les droits LGBTQ+ ou encore l’économie. 

Quels sont tes projets et actions à venir ?

J’essaye de pousser un maximum la jeunesse à agir. Je donne la priorité aux enfants et adolescents en matière de projets, c’est à dire que je préfère travailler avec eux sur n’importe quel projet plutôt qu’avec des adultes, car il est capital qu’ils apprennent comment marchent le « monde des adultes » le plus vite possible. [...] Je termine le lycée dans un an donc pour l’instant je donne la priorité à mes études. Par la suite, j’aimerais étudier les sciences politiques pour apprendre un peu plus comment mener une action écologique mais du point de vue politique. Je voudrais également pouvoir présenter plus de pétitions et peut-être plus de projets de lois également et qui sait, peut-être passer une loi nationale aux USA !

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