« Une femme du monde » : Laure Calamy en travailleuse du sexe et mère battante

Dans « Une femme du monde », l’actrice récemment césarisée, Laure Calamy, incarne une mère prostituée qui cherche à offrir, par tous les moyens, le meilleur avenir à son fils. Refusant l’idée d’un destin misérable, parce qu’il est un « fils de pute », elle ira jusqu’à se mettre en danger pour lui permettre de continuer ses études. Un film touchant, sans misérabilisme, ni clichés, qui évoque la situation difficile des travailleuse.eur.s du sexe en France, qu’elle soit choisie ou contrainte. L’occasion, pour nous, d’échanger avec la réalisatrice Cécile Ducrocq, et Laure Calamy sur cette profession, encore trop souvent exposée au regard moral de la société.
  • D’abord un court-métrage sur le sujet, La contre-allée, avec Laure Calamy, déjà. Puis, une rencontre avec une prostituée de la rue Saint-Denis. Au-delà des échanges que la réalisatrice, Cécile Ducrocq, a pu avoir avec elle, c’est une photo accrochée, juste au-dessus du lit où la travailleuse du sexe exerce, qui la marque. Elle dévoile un fils, heureux. « Un peu connement, je me suis dit : comment peut-on être prostituée et avoir un enfant ? » nous confie Cécile. « Je fais comme tout le monde. » lui répond la prostituée de la rue Saint-Denis. De cette prise de conscience, les travailleur.euse.s du sexe sont des personnes comme tout le monde, va germer l’idée d’un film et l’envie d’esquisser un personnage haut en couleurs, d’une mère battante aveuglée par son obsession de libérer son fils du déterminisme social.

    Avec son imper jaune, sa détermination sans faille et sa gouaille, le personnage de Laure Calamy, Marie, dynamite, un à un, les murs que la société lui dresse sur son passage. En raison de sa condition - au-delà d’être une travailleuse du sexe, elle est surtout une mère précarisée - elle devrait se contenter de ce que la société lui ménage : la conseillère d’orientation cherche à caser son fils dans une voie où « il reste des places » ? Elle l’enverra se faire voir, convaincue du talent que ce dernier a pour la cuisine, il mérite bien le meilleur. Le banquier refuse de lui faire crédit pour payer l’école ? Elle trouvera une solution, ailleurs, quitte à se mettre en danger. Très vite, on comprend d’où lui vient, en grande partie, cette force de vie. L’exercice de son métier, travailleuse du sexe, n’est pas de tout repos et confrontée à l’hypocrisie de la société, à sa précarisation grandissante aussi, elle continue de se démener pour vivre d’un métier qu’elle a choisi.

    Un portrait de femme vivifiant qui colle, comme une seconde peau, à Laure Calamy et qui, en toile de fond, nous rappelle à quel point la société a encore du mal à entendre qu’une femme soit tellement libre qu’elle puisse faire ce qu’elle veut de son corps.

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