2021 M06 8
C’est un clap de fin pour l’une des pratiques les plus controversées de ces dernières années. La pêche électrique a enfin été interdite par la cour de justice de l’Union Européenne après une bataille judiciaire qui s’est échelonnée sur plusieurs décennies.
La pêche électrique a en effet été interdite en Europe dès 1998 au nom de la conservation des ressources de pêche. Pourtant une étonnante dérogation “à des fins expérimentales” en mer du Nord a été délivrée en 2007 par l’UE et bénéficiait notamment aux pêcheurs hollandais.
Résultat, depuis presque 15 ans, cet espace maritime est le théâtre d’un triste spectacle qui va donc prendre fin au 01er juillet de cette année. Et c'est une super nouvelle pour les océans.
Une exception européenne qui prend fin
La pêche électrique est interdite en Europe depuis 1998 au même titre que d’autres méthodes de pêche destructrices "comprenant l'utilisation d'explosifs, de poisons, de substances soporifiques", pour la "conservation des ressources de pêche par le biais de [la] protection des juvéniles [...]".
La Chine l’a aussi interdit en 2000 constatant des “effets néfastes graves qu’elle avait provoqués sur la biodiversité”, tout comme Hong-Kong en 1999, le Viet-Nam en 1996, ou encore les États-Unis, le Brésil et l’Urugay à la même période.
La dérogation européenne de 2007 pour des raisons expérimentales et scientifiques a donc été une décision très surprenante.
D'autant que le courant électrique utilisé par la pêche électrique est un courant à peu près identique à celui des Tasers. Extrêmement brutale, cette pêche provoque des souffrances terribles et indignes pour les poissons. On estime ainsi que 50 à 70% des cabillauds de grande taille présentent une fracture de la colonne vertébrale et des hémorragies internes à la suite de la décharge.
Une pêche super-efficace qui était aussi non-sélective : pour 100kg pêchés, entre 50 et 70kg étaient rejetés en mer, contre 6kg seulement pour les pêcheurs conventionnels au filet. Une différence énorme qui prouve bien que cette pêche méritait d'être définitivement interdite.
S’engager vers une pêche durable
Dans le cadre des Objectifs de développement durable adoptés par l’Assemblée générale des Nations unies en 2015, l’Europe s’est engagée, d’ici 2020, à "mettre un terme à la surpêche et aux pratiques de pêche destructrices".
Et des progrès indiscutables ont lieu sur le sujet. En 2019, 60 % des volumes de poissons pêchés en France étaient issus de populations exploitées durablement, contre 48 % en 2018 et seulement 15% il y a vingt ans.
L'apparition des labels de pêche durable (MSC et ASC) ainsi que les attentes des consommateurs portent leurs fruits. Cette interdiction apporte donc un signal positif pour faire progresser encore davantage les pratiques responsables.