température élevée

Faut-il nommer les canicules comme on nomme les tempêtes ?

À la tempête Xynthia, faut-il opposer la canicule Balrog ? C'est une idée lancée par des scientifiques et activistes climat qui souhaitent sensibiliser davantage le grand public (mais aussi les décideurs) aux ravages des canicules en les personnalisant.
  • Les climatologues sont formels : le réchauffement climatique augmente la fréquence, l’intensité et la durée des vagues de chaleur. C’est ce que dit le rapport du Giec mais c’est aussi ce que montrent les historiques de température. Ainsi, si 43 vagues de chaleur ont été enregistrées depuis 1947, à peine neuf ont eu lieu avant 1989. Les 34 autres, soit 80 %, ont eu lieu depuis. En d’autres termes, il y a 3 fois plus de vagues de chaleur ces 30 dernières années que durant les 42 années précédentes. 

    C’est énorme, et cela devrait continuer dans les années à venir. On estime ainsi que les enfants nés en 2020 subiront sept fois plus de vagues de chaleur et deux fois plus de sécheresses qu'une personne née en 1960. Et pourtant, nous avons encore du mal à considérer ces canicules comme des catastrophes naturelles, au même titre que les tempêtes et autres ouragans. 

    Il n’y a qu’à regarder la manière dont l’info est traitée dans les médias : très souvent, les fortes chaleurs sont synonymes de “plage, baignade et bronzage” alors que ces événements provoquent des morts. L’année dernière, plus de 1 000 personnes sont mortes de la chaleur au Canada. 

    Alors, pour mieux sensibiliser le grand public à ces phénomènes, de plus en plus de spécialistes et de météorologues préconisent de les nommer, au même titre qu’on nomme les tempêtes, pour mieux personnaliser et rendre visible la menace. 

    homme transpiration ville

    Plutôt Balrog ou TotalEnergies, la canicule ? 

    Tout le monde se souvient de l’ouragan Katrina aux États-Unis, ou encore de la tempête Xynthia en France. Mais notre mémoire collective se remémore plus difficilement le dôme de chaleur qui a touché le Canada en 2021 ou encore la canicule historique qui a eu lieu en France en 2003, et qui a fait 15 000 morts. 

    D’autant qu’avec la mutliplicité des événements, cela va être difficile de s’y retrouver dans le futur. Par exemple, quand on parlera de la canicule de 2022, de quoi parlerons-nous exactement ? Des 50°C qui ont touché l’Inde et le Pakistan en Avril, ou des 40°C en France en Juin ? Ou peut-être d'une autre canicule qui nous attend pour Juillet ou Août ? 

    En 2021, une vague de chaleur avait touché le sud de l’Italie où il avait fait jusqu’à 48,8°C en Sicile et les médias locaux avaient baptisé cet événement par le sobriquet de Lucifer. Un nom très à-propos repris cette année au mois de Juin, lorsque l’agroclimatologue Serge Zaka a par exemple proposé de nommer la canicule du nom de Balrog (un serpent de feu issu du Seigneur des Anneaux).

    Plus facétieux, l’économiste Maxime Combes proposait, lui, de nommer la récente canicule qui a touché la France par le nom de TotalEnergies, afin de sensibiliser le grand public au fait que les énergies fossiles sont responsables de ces chaleurs extrêmes.

    D’autres spécialistes du climat et de la météo ont d’ailleurs repris cette idée en suggérant de ne pas se limiter à TotalEnergies, en incluant à chaque fois le nom d’une compagnie pétrolière différente (BP, Eni, Chevron, etc.). Pour le moment, aucun consensus n’a été trouvé sur le sujet, mais il y a fort à parier que cela soit le cas dans un futur proche. 

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