Alleluia, la moutarde est de retour ! (Mais les prix vont piquer)

Elle manque cruellement à nos hot-dogs et nos vinaigrettes, et il faut dire que ça fait plusieurs mois que la moutarde a déserté les rayons des grandes surfaces alimentaires. Eh bien, réjouissez-vous, il parait qu'elle revient !
Clotilde Boudet

2022 M09 22

    • Le saviez-vous ? La France est le troisième plus gros consommateur de moutarde au monde. Mais depuis plusieurs mois, c’est le parcours du combattant pour s'en procurer. De quoi organiser un petit retour sur le pourquoi de cette pénurie… et sur comment la moutarde s’apprête à faire son grand retour sur les tables françaises. 

    Le 25 juillet dernier, au micro de FranceInfo, Michel-Édouard Leclerc, déclarait : « les Français ont acheté en juin toute la moutarde en stock jusqu'à décembre ». Force est de constater que les rayons de moutardes des magasins sont bel et bien vides… Surtout chez nous. Si on associe la moutarde de Dijon à la Bourgogne, « Moutarde de Dijon » n'est pas une appellation d'origine contrôlée (AOP ou IGP). Cela signifie qu’on peut en faire n'importe où !

    La faute au réchauffement climatique 

    Jusqu’en 1990, la culture de la moutarde avait presque disparu en France. Hé oui, les graines de moutarde viennent d’une plante aux petites fleurs jaunes… La même que celle utilisée pour faire le wasabi. C’est sous l’impulsion de la moutarderie Edmond Fallot, installée à Beaune depuis 1840, que la production a repris. Mais encore aujourd’hui, 80 % des graines de moutardes utilisées en France pour fabriquer le célèbre condiment sont… canadiennes ! Or, le Canada a vécu, durant l’été 2021, l'une des pires sécheresses de son histoire. Dans un rapport publié le 19 novembre 2021, le ministère canadien de l’Agriculture déplorait une chute de 28 % de sa production de moutarde.

    Saviez-vous qu'un champ de moutarde, ça ressemble à ça ? © William Jones / Unsplash
     

    À CheckNews, Fabrice Genin, président de l’association des producteurs de graines de moutarde de Bourgogne (APGMB) affirmait, avant l’été 2022 : 

    « Depuis cinq ans, nous enregistrons une baisse de la productivité de près de 50  %. Aujourd’hui, nous fournissons aux industriels français tout ce que nous pouvons en quantité, sans avoir de stock. »

    Actuellement sur le territoire français, on compte quelque 300 agriculteurs cultivant la moutarde. Mais même avec des graines de moutardes françaises, pas toujours facile de répondre à la demande… Notamment à cause de la guerre en Ukraine et de l’augmentation du prix de l’essence. L’huilerie artisanale de la famille Leblanc, par exemple, n'est plus parvenue, pendant un temps, à se procurer de contenants en verre pour sa moutarde française.

    Ouf, les récolte de l’année sont bonnes !

    Mais que les amateurs de moutarde se rassurent, le Canada a de bonnes nouvelles pour eux. Selon RTL, 115.000 tonnes de graines s’apprêtent à être récoltés au Canada. Au micro de Radio-Canada justement, Luc Vandermaesen, directeur général de Reine de Dijon (producteur français de moutarde) prédit une pénurie jusqu’à la fin de l’année 2022. La production canadienne devrait en effet entrer en Europe en novembre ou décembre. 

    En France, la première récolte bisannuelle s’est achevée en Bourgogne, et elle est... bonne ! « On devrait produire, en 2023, 15 000 tonnes » de moutarde, a déclaré Fabrice Genin à France 3. Y aura-t-il de la moutarde sur les tables des Français pour Noël ? On a toutes les raisons d’y croire. Mais attention, la très forte demande qui découle de la pénurie, couplée à l'augmentation des frais de transport de marchandise, risquent bien d’avoir une influence sur le prix du condiment…

    En tout cas, les producteurs l’assurent : en 2023, la pénurie sera totalement terminée. Mais jusqu’à quand ? Les cultures de moutardes résisteront-elles longtemps au réchauffement climatique et aux règlementations très strictes en matière de produits phytosanitaires ? Parfois l'avenir, lui aussi, pique un peu.

     

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