2023 M03 27
Depuis 50 ans, les études et publications scientifiques autour de l’homoparentalité se comptent par centaines, parfois avec des résultats discutables, souvent par manque d’échantillon représentatifs. Alors des chercheurs ont décidé de disséquer toutes ces données pour séparer le vrai du faux.
Combinant des universitaires chinois et américains, l’équipe a commencé par écarter tous les textes jugés biaisés pour ne retenir que 34 études tirées de pays où les relations homosexuelles sont autorisées par la loi. Et ils les ont recoupées pour comparer des phénomènes communs.
Children of same-sex couples fare at least as well as in other families
— Here (@Here_NI) March 18, 2023
'A new study backs up previous research, concluding that a child’s development has little to do with their parents’ sexual orientation or gender identity. 'https://t.co/uuXlfO7OOB pic.twitter.com/Np9QBHGpYK
Enfants de l’amour
Les chercheurs ont conservé une dizaine de topics pour leur étude, des développements de l'enfant allant de la bonne santé (physique et mentale) à la qualité des résultats scolaires, observant même l’identité de genre pour vérifier par exemple si les enfants de couple gay avaient plus de prédisposition à devenir gay eux-mêmes... ou plus intolérants. Résultat ? Les enfants élevés par des couples de même sexe se développent tout aussi bien que ceux issus de familles hétérosexuelles.
« Contrairement aux nombreuses inquiétudes, notre étude constate que la plupart des évolutions familiales étaient similaires entre ces deux types de familles », déclarent les auteurs de l’enquête. N’en déplaisent aux réactionnaires, le genre et la sexualité des parents n’ont donc pas d’influence néfaste sur l’éducation qui est donnée aux enfants.
Mieux : leur étude publiée dans la revue BMJ Global Health affirme que « les familles de minorités sexuelles obtiennent de meilleurs résultats dans certains domaines, tels que l'adaptation psychologique de l'enfant et les relations enfant-parents ». Peut-être parce que leur cellule familiale a déjà été confrontée à des discriminations et s’est préparée à les surpasser...
"The kids are alright"... et les parents ?
Plus affectueuses, plus ouvertes, plus d’échanges… l’étude ne manque pas de qualificatifs positifs pour qualifier les familles homosexuelles. Il y a toutefois un mais. Si les enfants se développent parfaitement, cela se fait parfois au détriment de leurs parents.
Les chercheurs notent que « la satisfaction de la relation de couple, la santé mentale des parents, le stress parental ou le fonctionnement familial » peuvent être quantitativement moins bons que chez les couples de sexes différents. Là encore, probablement du fait des multiples complications que relève le défi d’élever un enfant dans des sociétés ou les questions de genre et de sexualités ne sont pas encore parfaitement admises, poussant les familles à dissimuler ou minimiser leur situation en société.
La France arc en ciel
Patrie du "Mariage pour tous", l'Hexagone s'en sort-il mieux que d'autres ? Dur à dire. En 2019, l’INSEE évoquait « environ 31 000 enfants [vivants] avec un couple de même sexe, dont 26 000 mineurs » mais les chiffres plus précis manquent. Tout au plus sait-on que, depuis son autorisation en 2013, le mariage a tenté 7000 couples homosexuels chaque année (en dehors du confinement de 2020). Soit environ 70 000 au total aujourd’hui auxquels on peut ajouter 63 000 pacs signés entre personnes de même sexe, mais cela exclut de fait les couples de parents homosexuels non mariés et les parents homosexuels célibataires vivant avec leur enfant entre autres...
Autre barrière, si l'adoption est possible pour les couples homosexuels, elle est dans les faits encore très difficiles... De futures études devront préciser l’ampleur de ce phénomène à l’avenir. Mais elles seront peut-être plus simples à mener auprès des parents, maintenant que l’on sait de source sûre que les enfants le vivent très bien. Vous en doutiez encore ? Nous pas.
Crédit photo de Une : Dziana Hasanbekava / Pexels