

Des étudiants ont inventé le gant qui traduit la langue des signes
Vous aviez un mot sur le bout de la langue ? Il sera désormais au bout des doigts grâce à ce dispositif qui pourrait faciliter l’intégration de nombreuses personnes souffrant de surdité.
2022 M09 23
Coupés du monde.
Selon la fédération mondiale des sourds (FMS), plus de 70 millions de personnes souffrent de ce handicap dans le monde. C'est pratiquement la population d’un pays de la taille du Royaume-Uni qui ne peut avoir accès à nombre d’informations du quotidien et peinent à se faire comprendre. Car les langues des signes (il y en a une version pour chaque langue) sont très peu répandues.
En France, seulement 120 000 personnes connaissent ses signes sur près 4 millions de personnes sourdes comptabilisées. On le voit, tous les malentendants profonds ne la maîtrisent pas, loin de là, et les « entendants » ne l’apprennent qu’extrêmement rarement. Ce qui coupe la communication entre deux mondes. C’est là qu’on a besoin d’innovations pour faire le pont, et quelques universitaires ont décidé de leur tendre la main.
Ce sont des chercheurs de l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA) qui ont inventé ce gant, couplé à un algorithme apprenant, pensé comme l’interface la plus légère et la moins invasive possible.
Au doigt et à… l’oreille
Sous le tissu, des capteurs courent le long de chaque doigt. Ils descendent jusqu’à des mini-circuit imprimés placés sous le poignet. Chaque gestuelle, rotation, doigt ouvert ou plié, paume levée ou poing fermé, tout cela est enregistré et envoyé à une application par Bluetooth. Ces informations sont alors converties par une application et lues par un smartphone à haute-voix.
« Nous espérons que cela facilitera les choses pour les personnes utilisant la langue des signes afin de communiquer avec les ceux qui la maîtrisent pas, sans avoir besoin d’une tierce personne pour traduire » a expliqué à CNN Jun Chen, un des inventeurs de l’UCLA spécialisé en bio-électronique.
Bien sûr, l’application ne maîtrise que la langue des signes américaine. Pour le moment le gant-traducteur connaît 660 mots et interprète à une vitesse de 60 mots par minute (1 par seconde) avec une précision dépassant 98 % selon les chercheurs qui estiment pouvoir améliorer tout cela avec le temps.
La limite c’est justement qu’aucune langue des signes n’est la même, à part quelques signes « iconiques » (la mer qu’on représente par une vague par exemple). Pour que l’invention soit plus facile à adapter, les Californiens ont donc ajouté des capteurs qui se placent sur le visage, car les expressions de visage (le sourire notamment) font parti de la grammaire.
Un "signe" n’est pas un emoji, mais un mot à apprendre
Reste que l’appareil est facile à intégrer pour un coût très faible : gants, capteurs et application ne coûtent qu’une cinquantaine de dollars (autant en euros) à fabriquer. Le laboratoire de recherche en bio-électronique et objets connectés a déposé une demande de brevet et compte aller jusqu’à la commercialisation. Toutefois, les associations de spécialistes rappellent que le plus urgent serait d’apprendre la langue des signes aux enfants comme on apprend une langue étrangère.
C’est l’outil le plus important pour que les personnes souffrant de surdité puissent avoir accès à l’information, voire, dans certain pays, à une éducation.
Profitez de la Semaine mondiale des sourds (qui a lieu chaque année fin septembre) pour vous familiariser avec celle de votre pays. Il y a près de 70 langues des signes à travers le monde et si une version internationale existe, son lexique est très limité. Alors commencez par la votre.