

En Gironde, une école ramène les chevaux dans les champs
Le labour à cheval est une pratique ancestrale et non polluante qui fait son retour dans certaines régions de France. Près de Bordeaux, une école a même été fondée pour enseigner les bonnes pratiques en la matière.
2022 M06 30
La France est le premier producteur de vin au monde, avec des crus et des vignobles historiques qui sont connus dans le monde entier. Une fierté pour notre pays, et un secteur économique qui permet de faire vivre certaines régions, notamment dans le bordelais, en Bourgogne ou dans le sud de la France.
Oui mais voilà, comme de nombreux secteurs, la viticulture doit trouver des solutions pour faire sa transition écologique et réduire, en particulier sa consommation de pesticides. Ce qui n’est pas une mince affaire tant le secteur est coutumier du fait. La région Nouvelle-Aquitaine est d’ailleurs la principale consommatrice d’herbicides en France, mais toutes les régions viticoles sont concernées.
Et pour réduire cet usage d’intrants de synthèse, il y a plusieurs solutions qui existent actuellement. La première, c’est d’utiliser la technologie pour tendre vers ce qu’on appelle l’agriculture de précision : utiliser des capteurs et des logiciels pour réduire l’usage des herbicides et pesticides au strict minimum. La seconde, c’est de passer en bio et de désherber à la main… à moins que des chevaux puissent faire le travail ?

Le cheval, grand allié historique de la vigne
Les chevaux n’émettent pratiquement pas de CO2, ne consomment que des aliments qui poussent sur place et produisent de l’engrais naturel. Ils se reproduisent eux-mêmes. Leur utilisation a fait ses preuves pendant des millénaires et il est difficile d’imaginer une énergie aussi universellement accessible et aussi durable. Autant d’avantages qui font du cheval le nouvel allié des viticulteurs pour améliorer leurs pratiques.
Mais, des années après avoir introduit les tracteurs et autres engins mécaniques dans les parcelles, il est difficile pour de nombreux exploitants de revenir à cette pratique ancestrale sans une formation adéquate. Et c’est précisément la raison pour laquelle l’Ecole nationale du Cheval Vigneron a été lancée en 2019, à l’initiative de l’Association des Eleveurs de Nouvelle-Aquitaine.
Son rôle est ainsi de “former des Vignerons, chef d’entreprise ou salariés, et des Prestataires à utiliser le Cheval dans la Vigne” afin de permettre de développer davantage cette pratique et de faciliter la transition des vignobles en agriculture biologique. L’utilisation du cheval de trait pour désherber permet en effet de ne pas brusquer les vignes et d’éviter l’utilisation de produits chimiques. C’est aussi une autre manière de concevoir notre relation avec les chevaux en leur donnant un rôle noble.
"On peut éduquer le cheval pour qu’il s’arrête à la moindre résistance et n’arrache pas les pieds de vignes et donc le faire travailler dans des vieilles vignes toutes tordues ou des jeunes plants très fragiles" précisait à l’AFP Clémence Bénézet, ingénieure à l’Institut français du cheval et de l’équitation (IFCE), qui a participé à former plus de 40 personnes sur cette pratique, et qui estime qu’environ 300 vignobles utilisent désormais des chevaux en France.