

Et si on plaçait les panneaux solaires au-dessus des champs ?
Qui a dit qu’une centrale solaire devait nécessairement être posée au sol ? Avec l’agrivoltaïsme, les panneaux solaires sont installés au-dessus des champs, permettant de continuer à utiliser la terre et offrant même une ombre salvatrice aux cultures et aux animaux.
2023 M02 27
« Agrivoltaïsme » : retenez bien ce mot, car il risque de s’imposer dans les prochaines années comme une solution de premier plan dans la course aux énergies renouvelables et une nouvelle filière économique. Ce terme – apparu en 2019 au moment de l’autorisation d’installer des centrales photovoltaïques sur les surfaces agricoles – est encore en cours de définition exacte. Mais il désigne déjà la cohabitation de la production d’énergie solaire et de la production agricole. Le but ? Créer des effets vertueux.
L’idée est bête comme chou… et permet justement de mieux les faire pousser ! Plutôt que de poser les panneaux solaires à même le sol, en « condamnant » une parcelle potentiellement utilisable pour l’agriculture ou l'élevage, on place les panneaux solaires au-dessus du sol. À une hauteur suffisante pour permettre le passage d’un tracteur ou pour laisser paître veaux, vaches et moutons.

Ombre protectrice et meilleurs rendements
Les avantages sont nombreux : une diminution du stress thermique des animaux et des plantations en cas de fortes chaleurs grâce à l’ombre des panneaux ; une baisse de l’évapotranspiration des sols, offrant des économies en irrigation ; une protection des plantations contre les fortes pluies et les coups de soleils. L’entreprise TSE Energy mène actuellement plusieurs projets d’agrivoltaïsme sur le territoire français, à l’aide d’ombrières solaires capables de modifier leur orientation selon la position du soleil ou les conditions climatiques. Les premiers résultats, d’après le président de TSE Energy Mathieu Debonnet, sont prometteurs :
« Nos observations ont permis de constater que les cultures qui poussent sous la protection de nos ombrières ont un meilleur rendement, notamment en matière de concentration des protéines. Par exemple, le soja cultivé pour l’alimentation animale possède un taux de protéine de 3,5 % supérieur à la normale, c’est loin d’être négligeable. »
Couplés à un système de récupération des eaux de pluie, les panneaux solaires « hors sols » diminueraient la consommation d’eau de 30 à 40 % selon TSE Energy.

Consolidation des revenus pour les exploitants
Les professionnels de la filière solaire et du secteur agricole sont enthousiastes face aux opportunités de l’agrivoltaïsme. Pour les agriculteurs, l’installation de centrales représenterait aussi une source de revenus supplémentaires non négligeable. Surtout pour les zones où l’élevage - activité faiblement rémunératrice - est uniquement possible. Toutefois, quelques inconnues demeurent, comme le rappelle Jérôme Pavie, responsable du service Fourrage et Pastoralisme à l’Institut de l’Elevage :
« Est-ce que ça va perturber la production animale ou pas ? Est-ce que ça va perturber sa reproduction ou son bien-être ? Toutes ces questions ont été très très peu étudiées. Il y a très peu de bibliographie, même au niveau international. C’est le challenge des instituts techniques aujourd’hui et de la recherche d’apporter des réponses à ces questions. »
La filière de l’agrivoltaïsme souhaite maintenant accélérer son développement. Une loi en faveur de celle-ci est actuellement en cours de discussion. Avec seulement 7,7 % de sa production électrique issue du solaire, la France est en deçà de la moyenne européenne qui se situe à 9 %. L’agrivoltaïsme permettrait de rattraper ce retard inacceptable.
Crédit photo : TSE Energy