

La fourmi, un pesticide naturel d’avenir
La fourmi, la future meilleure amie des agriculteurs ? Selon une étude récente, plusieurs espèces de fourmis pourraient protéger les cultures agricoles en tuant les parasites. Les fourmis pourraient alors remplacer les pesticides nocifs pour la santé humaine.
2022 M10 7
Elle a fourni un travail de fourmi. Une équipe de chercheurs brésiliens a étudié puis compilé une cinquantaine d'études scientifiques déjà existantes pour comparer le rendement agricole dans des champs fréquentés par des fourmis à d’autres où elles avaient été éliminées. C’est cette synthèse de la littérature qui a fait l’objet d’une publication remarquée cet été dans la revue Proceedings of the Royal Society B
Fourmis V.S. parasites
Les chercheurs ont recensé 26 espèces de fourmis sur les 14 000 existantes sur Terre qui ont un impact positif sur la lutte contre les parasites dans l’agriculture. Et ces bébètes providentielles feraient le bonheur de 17 types de cultures aussi variés que citron, mangue, pomme, soja, coton ou patates douces dans des pays du Nord comme du Sud (Etats-Unis, Angleterre, Australie, ou encore Brésil, bien sûr). La synthèse explique que les fourmis éradiquent certains insectes ravageurs de culture comme les chenilles ou les mouches drosophiles qui pondent dans les fruits. Beurk. Elles réduisent ainsi les dommages causés aux plantes cultivées et elles permettent d’augmenter les rendements agricoles. Encore plus fort : les auteurs aboutissent même à la conclusion que les fourmis se révèleraient plus efficaces que les pesticides dans certains cas.

Les bons services l’emportent sur les mauvais services
Cependant, l'alchimie entre les fourmis et l'agriculture humaine n’est pas toujours au rendez-vous. Plusieurs espèces de fourmis prennent soin de pucerons et les protègent pour se nourrir de leur miellat, une substance sucrée issue de la digestion de sève dont elles raffolent. C’est ce qu’on appelle le trophobiose pour les amateurs de mots scientifiques. Concrètement, les fourmis favorisent alors la présence de leurs parasites adorés au détriment des cultures agricoles. Mais bonne nouvelle, les scientifiques brésiliens affirment qu'il est possible de les détourner de leur délicieux sirop sucré en leur offrant des sources de sucre alternatives. Les travailleuses continueraient alors de s'attaquer aux ravageuses de culture qui ne produisent pas de miellat. Au final, les auteurs insistent sur le fait que "les bons services procurés par les fourmis l’emportent sur les mauvais services".

Vers une agriculture avec moins de pesticides
Au moins partiellement, les fourmis peuvent donc contribuer à une agriculture plus rentable et plus durable, favoriser la biodiversité et se substituer aux pesticides aux effets néfastes sur la santé humaine et les écosystèmes. " Il s'agit essentiellement d'une autre option dans notre palette d’outils agricoles qui peut permettre de s'éloigner des pesticides - qui endommagent vraiment les communautés d'insectes voisines - tout en améliorant les rendements des cultures ", a déclaré au Guardian Patrick Milligan, un chercheur américain de l'Université du Nevada qui n'a toutefois pas participé à l’étude. Enfin, bien avant que cette synthèse ne prouve le potentiel des fourmis comme "pesticide" naturel, des producteurs de citron en Chine notamment profitaient de cette qualité remarquable de certaines espèces de fourmis.