Cette entreprise bretonne recycle vos mégots en mobilier urbain

Plus de 35 000 tonnes sont jetés par terre chaque année empoisonnant faune et flore. Pour les sauver, l'entreprise MéGo! (vous l'avez ?) ramasse ces cigarettes et les transforment en mobilier urbain. Comment ne pas s’enflammer pour cette dépollution ?
  • Cancer, artériosclérose, maladies cardiovasculaires… Pas besoin de vous rappeler les 1001 méfaits du tabac sur votre organisme, la Journée mondiale sans tabac a déjà dû vous convaincre. Mais saviez-vous que nos clopes tuent aussi la planète ? Un seul filtre écrasé du talon sur un trottoir suffira à salir jusqu’à 500 litres d’eau quand les pluies l’auront déplacé dans une mare ou une rivière. Là, ils déverseront les substances chimiques dont qui les composent au rang desquels le plomb, l'ammoniac, l'arsenic, la nicotine et le mercure...

    « Chaque minute en France, 67 kilos de clopes finissent leur vie par terre plutôt qu’au fond d’un cendrier. »

    Ces mégots vont aussi être avalés par des oiseaux qui s’abreuvent en passant, ou asphyxier des poissons. Et leur nature assurent une résistance de centaines d’années avant de se dégrader du fait des microplastiques qui les composent. On aimerait que ce drame soit le cas de quelques négligents mais le hashtag #FillTheBottle et les chiffres ne cessent de nous prouver le contraire.

    Cela fait plus de 35 000 tonnes par an chez nous ; 8 millions à l’échelle mondiale. Pour endiguer ce fléau, il faudrait bien sûr que le monde entier s’interdise de jeter la moindre cigarette par terre ou par sa fenêtre. Mais il faudra encore ôter tous ceux qui jonchent nos sols. Une tâche pénible et salissante qui ne motive personne car elle ne rapporte rien. Sauf si on arrive à transformer ces déchets en matière première.

    Un lavomatic à mégots

    En 2017, Bastien Lucas dirigeait déjà une société de récupération et trie des gobelets, papiers et déchets d’entreprise depuis 7 ans quand il lance MéGo! Cette deuxième entreprise allait se spécialiser dans la récupération et le retraitement des filtres de cigarettes. si les clopes empoisonnent l’eau, cela signifie que c’est là la solution pour les nettoyer. « 80 à 85% des molécules chimiques du mégot vont être absorbées par les molécules d’eau » confirme l’ancien fumeur à Actu Bretagne. Dans le Finistère, l’entrepreneur a ouvert une usine de retraitement. Une fois le papier ôté, le filtre est lavé à l’eau pour en supprimer les trois quarts des substances chimiques toxiques, dans un circuit fermé dont l’eau est ensuite retraitée et jamais relâchée dans l’environnement.

    L’agglomérat est ensuite séché et malaxé pour produire une pâte d’acétate de cellulose. Un plastique, certes, mais dont la fabrication ne nécessite pas d’ajouter de pétrole. C’est avec cette matière que l’entreprise crée du mobilier urbains : des bancs, des pompes à gel hydroalcoolique publiques mais aussi des enseignes de boutique et des pièces de coffrage. Un seul de ces bancs réutilise 15 filtres de cigarette revalorisé. Une sacrée épine retirée du pied de notre société. Mais pour réaliser sa production, encore faut-il récupérer ces vieux mégots.

    Mettre le paquet

    Cette collecte se fait en deux étapes. MéGo! a installé près de 2500 cendriers spéciaux dans des lieux recevant du public, essentiellement en Bretagne, Normandie, Loire-Atlantique et région parisienne. Incitatifs, ils jouent sur la transparence et (paradoxalement) une super-visibilité pour être bien remarqués. L’idée est que le fumeurs se sentent concernés plutôt que niés. Ensuite, il faut les vider. La collecte est effectuée par des cyclistes. Avec ce processus, MéGo! ramène et traite dans son usine près de Brest près de 10 tonnes de mégots par an.

    Mais la démarche ne s’arrête pas à ce plastique issu du recyclage. Pour que chacun s’implique dans cette lutte, l’entreprise veut créer « un label "Zéro mégots" dans les villes qui participent à la collecte, afin de véritablement déclencher une prise de conscience citoyenne sur la nocivité du mégot jeté au sol." Paralèllement, les Bretons se sont associés avec des laboratoires et université pour tenter d’améliorer encore les techniques de dépollution et résorber les substances nocives que le tabac répand dans la nature et les eaux.

    Pour connaître leurs produits et les csoutenir, rendez-vous sur Me-Go.fr
    Crédit photo : Simon Cohen

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