Pierre Rabhi : son héritage en matière d’écologie

Paysan, écrivain et penseur français, Pierre Rabhi est mort samedi 4 décembre à 83 ans. Fondateur du mouvement Colibris avec Cyril Dion, il a dédié sa vie et son courant de pensée à l’agroécologie. En quoi est-ce révolutionnaire ? Quel héritage écologique laissera ce grand homme, hélas aussi connu pour les polémiques qu'il a déclenché ?
Equipe CANAL PLUS

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Pionnier de l’agriculture écologique en France

La mort de Pierre Rabhi amène sur le devant de la scène médiatique sa pensée liée à l’agriculture, très avant-gardiste et intéressante. Son action a toujours été la défense d’un mode de société plus respectueux des hommes et de la terre. Derrière le concept d’agroécologie se cache la volonté forte de soutenir le développement de pratiques agricoles accessibles à tous et toutes, tout en protégeant notre planète. En Afrique et en Europe, Pierre Rabhi s’est aventuré à transmettre son savoir aux populations pour qu’elles deviennent les plus autonomes possibles. Et l'on peut dire qu’il aura été l’un des experts les plus actifs en terme de sécurité alimentaire. De sa propre définition de l’agroécologie, on retiendra ses mots :

« La paix et le déploiement des cultures humaines ne se feront que si les hommes et les femmes, au Nord et au Sud accèdent à l’autonomie alimentaire, car se nourrir, nourrir sa famille et sa communauté sont le fondement de toute culture. Alors que les ressources de la planète suffiraient à nourrir douze milliards d'êtres humains, la pauvreté dans le monde s’accroît, la nature, considérée comme un bien matériel, est pillée, les écosystèmes se meurent. Le dogme d’une croissance infinie dans un monde fini est dépassé. Il est urgent de changer de paradigme, de reconsidérer le lien qui nous unit à la terre, de valoriser la coopération plutôt que la compétition pour le bien-être de l’humanité dans son ensemble. L’agroécologie le permet » (source pierrerabhi.org).

En plus de l'agroécologie, le mouvement Colibris initié par Pierre Rabhi, Cyril Dion et quelques proches, est précurseur en matière d'écologie et de solidarité. L'idée est de mettre en pratique le passage à l'action individuelle et collective, pour agir sur notre bien-être mais aussi celui de la nature. Leur philosophie est inspirante : chacune et chacun peut faire sa part pour bâtir cette société juste et soutenable. 

« Pour que les arbres et les plantes s'épanouissent, pour que les animaux qui s'en nourrissent prospèrent, pour que les hommes vivent, il faut que la terre soit honorée. »

 (Pierre Rabhi)

Vers la sobriété heureuse

D’un livre, une pensée. Ce qu’explique Pierre Rabhi dans son ouvrage sorti en avril 2010, c’est aujourd’hui ce qui fait polémique à sa mort – et ce que découvrent de nombreux Français. « J’avais alors vingt ans, et la modernité m’est apparue comme une immense imposture. », nous dit l’écrivain. De cette pensée est née une source énorme de polémiques à sa mort. Néanmoins, en matière d’écologie, on comprend le propos ; se contenter de peu pour être heureux, heureuse. Après une enfance dans le Sud algérien, dans une pauvreté vertigineuse, orphelin, Pierre Rabhi arrive en France avec une vision très critique de notre société, des hommes aliénés par leur travail, l’argent, l’économie au détriment de l’écologie et de la planète. Son mode de pensée est basé sur l’humain et la nature au cœur de nos préoccupations. Mais ses vieux démons font surface aujourd’hui, notamment ses propos homophobes, misogynes, sur la PMA ou encore très réactionnaires. En témoignent les réactions de certaines personnalités ce week-end.

 

Il n’y a pas de héros

Une chose est sûre : la mort d’un homme qui a dédié sa vie à ses pensées, auteur de livres, actif sur le plan écologique, philosophique, présent dans les émissions, ne sera pas l’occasion de glorifier l’ensemble de sa vie, mais plutôt de comprendre ce qui a été révolutionnaire dans sa pensée, notamment l’agroécologie – tellement d’actualité, ou la sobriété heureuse.

À noter, un très beau film documentaire de Pierre Beccu, Graines d’Espoir, avec Pierre Rabhi et Roukiata Ouedraogo, sur une musique de Matthieu Chedid, sort le 26 janvier. À travers la France, l’Espagne, Madagascar et le Burkina Faso, 332 enfants et adolescents s’emparent de la caméra pour nous livrer leurs attentes et construire un nouvel avenir.

Entre enjeux climatiques et justice sociale, ils nous interpellent sur les urgences d’aujourd’hui. Ils racontent et mettent en pratique ce qu’ils veulent changer pour notre futur. La dernière œuvre où l’on retrouvera Pierre Rabhi, peut-être la plus engagée pour la jeunesse et le futur de notre planète. De quoi remettre les polémiques au placard et garder un message d’espoir… Adieu M. Rabhi.  

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