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Will, la 1ère personne sans-abri du métavers alerte sur l'isolement social des plus précaires

Alors que les investissements colossaux dans le virtuel s’accélèrent et que la construction d’un monde virtuel - le métavers - se déroule sous nos yeux, jamais l’isolement relationnel n’a été aussi fort. Avec Will, le 1er sans-abri du métavers, l'association Entourage a créé un personnage virtuel qui nous invite à réfléchir sur l'isolement des plus précaires dans la réalité.
  • Concept qui trouve son origine dans des ouvrages de science-fiction (Ready Player One, Snow Crash), le Métavers est une sorte de monde virtuel et immersif qui reproduit - d’une certaine manière - notre quotidien via la réalité augmentée. C’est le monde du jeu vidéo qui a d’abord prouvé l’efficacité du modèle, avec les Sims dans un premier temps, puis avec d’autres jeux plus évolués tel que Fortnite. 

    Prenant le pari que le Métavers sera le futur d’Internet, les géants de la tech et les grandes marques commencent à s’y intéresser grandement. Mark Zuckerberg, par exemple, a investi 10 milliards de dollars dans ce nouveau concept et les grandes marques s’y mettent également, cherchant à asseoir dès aujourd’hui leur présence dans ce nouvel eldorado virtuel.

    « On estime ainsi qu’un quart de la population mondiale passera au moins une heure par jour dans le métavers à l’horizon 2026. »

    Comment rompre l’isolement IRL dans un monde virtuel ? 

    On estime qu’un quart de la population mondiale passera au moins une heure par jour dans le métavers à l’horizon 2026. C’est la raison pour laquelle l’association Entourage, qui lutte contre l’isolement et la précarité dans le monde réel, a décidé de créer Will, le premier sans-abri du Métavers. 

    « Alors que les gens passent de plus en plus de temps sur les réseaux sociaux et que certains investissent des sommes colossales dans le métavers, mon objectif est de rappeler l’importance qu’il y a à agir d’abord dans la réalité pour lutter contre l’isolement et la précarité » explique d’ailleurs l’avatar virtuel de Will. 

    Il a vu le jour sur la plateforme le 31 mars dernier. Une date symbolique : c’est le jour de la fin de la trêve hivernale, au cours de laquelle aucune expulsion de locataires ne peut avoir lieu.

    Pourquoi un sans-abri dans le Métavers ?

    Will va avoir la tâche d’engager la discussion avec les plus jeunes dans cet univers virtuel afin de les sensibiliser à l’isolement des sans-abris dans la vraie vie et de nous inviter collectivement, à prendre soin des plus précaires. 

    Entourage, l’association qui a créé Will, n’en est d’ailleurs pas à son premier coup d’essai concernant l’utilisation de la technologie pour rompre l’isolement puisqu’elle est notamment connue pour avoir développé une application mobile qui permet de mettre en relation les résidents d’un quartier et les personnes sans-abri. 

    Et pourquoi pas une femme ? 

    Pour cette opération, Entourage a travaillé avec le studio TBWA et a imaginé et co-construit Will avec le Comité de la Rue de l’association, qui regroupe d’anciens sans-abri. L’idée était de faire en sorte de créer un personnage qui soit une représentation juste et non caricaturale d’une personne sans-abri ou en grande précarité.

    Jean délavé, bonnet sur la tête, le personnage se tient un peu voûté et il est difficile de lui donner un âge. Pourquoi un homme et pas une femme ? En France, les femmes représentent 38% des sans-abris. Mais l’association a choisi de représenter un homme car ils sont plus nombreux et plus visibles. 

    Selon la Fondation de France, plus de 7 millions de personnes seraient en situation d’isolement en France aujourd’hui, et environ 300 000 personnes sont sans domicile fixe. Et si les progrès de la technologie nous permettent de nous émerveiller devant des univers virtuels, on peut regretter que des investissements similaires ne soient pas réalisés pour lutter contre la précarité et l’isolement. 

    C’est aussi ce que vient nous rappeler Will, qui met notamment l’accent sur l’importance d’être intégré à la société par des choses simples, comme la conversation. Car si cela paraît parfois superflu, seuls 26% des Français disent discuter avec des personnes sans-abri. 

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