2022 M03 4
Les marques de vêtements qui ne proposent pas de grandes tailles, les sièges des salles de cinéma pas adaptés à toutes les corpulences, les réactions négatives des gens qui lèvent les yeux au ciel ou soupirent quand une personne grosse s’assoit à côté d’eux… C’est ça la grossophobie. Des discriminations du quotidien qui excluent cette partie de la population de la vie publique.
Cette corpulence considérée « hors normes » entraîne de nombreux préjugés : absence de motivation, manque de volonté ou encore flemmardise. Des idées reçues qui ont de lourdes conséquences. Elles génèrent des comportements stigmatisants et discriminants, quotidiennement et partout : à l’école, au travail, dans les lieux publics et les établissements médicaux, mais aussi dans les médias et les relations avec les proches.
Ce vendredi 4 mars marque le World Obesity Day, une journée mondiale qui veut notamment lutter contre ces préjugés pour faire évoluer les mentalités. On a tendance à penser - à tort - que les gens sont responsables de leur poids. Pourtant, l’obésité est une maladie multifactorielle reconnue par l’OMS, et il n’est pas question de motivation ou de paresse. Mais on ne peut pas uniquement penser la grosseur comme un problème médical et lui associer systématiquement l’idée de mauvaise santé. Des personnes grosses peuvent aussi être en bonne santé.
Body Positive & Fat Acceptance
Charge mentale, masculinité toxique, sexualité… Une vraie libération de la parole a lieu depuis quelques années sur les réseaux sociaux. Et le Body Positive s’inscrit dans cette suite logique. Il prône l’acceptation de soi et valorise la diversité des corps, sans complexe ni tabou. S’il a permis de remettre en question les idéaux de beauté, les corps gros sont toujours régulièrement invisibilisés.
Sans compter les nombreuses réappropriations et dérives des influenceurs.euses et des marques qui surfent sur cette tendance. La mannequin Karoline Bjornelykke a révélé en novembre dernier sur TikTok que pour des shootings ou des défilés, elle a dû porter un « fat suit », une combinaison avec des rembourrages, pour avoir une apparence plus volumineuse tout en gardant un visage fin…
D’où l’action des Fat Activists qui luttent activement contre la grossophobie et l’invisibilisation des gros.ses en général. Ils questionnent leur place dans la société et cherchent à la rendre plus inclusive. Ils déconstruisent des idées reçues et le vocabulaire qui les stigmatisent : « gros.se » n’est pas un gros mot ou une insulte, et n’est pas opposé au fait d’être beau ou belle.
Quelques comptes qui prônent l’acceptation de soi et luttent contre la grossophobie
@stopgrossophobie : Très engagée, Shérazade Leksir questionne de nombreuses problématiques sociales sous le prisme de la grossophobie pour faire changer les mentalités. Elle a récemment sorti un livre, T’as un joli visage, « pour s'éduquer et se déconstruire » et « pour se réconcilier avec son corps, avec soi-même ».
@corpscools : Photographies, mèmes, œuvres d’art, posts militants et historiques… Corps Cools met en lumière avec bienveillance des corps gros pour mettre fin à leur invisibilisation. La créatrice a également cofondé Fat Friendly, un projet d’annuaire et de cartographie de l’accessibilité et de la bienveillance des espaces, « pour une inclusivité radicale ».
@graspolitique : Cette association féministe et queer lutte activement contre la grossophobie. Elle essaye de faire porter ce combat au niveau politique pour que les candidat.e.s à la présidentielle s'en emparent dans leur campagne. On vous invite à écouter le podcast Matière Grasse.
@corpsgros : « J’ai le cœur gros, j’ai le corps gros » peut-on lire dans le premier post de cette canadienne. À travers « des histoires de discrimination, d’amour, d’expériences, des défaites et des succès » qu’elle a pu vivre, elle libère la parole et dénonce la grossophobie.
@davidvenkatapen : David est un mannequin grande taille qui prône la Fat Acceptance. Il publie des portraits de lui avec fierté et sans complexe. Un compte rafraîchissant et positif !
@barbarabutch : Barbara Butch est DJ, mannequin et militante. Avec ses 44 000 abonnés sur son compte Instagram, elle éveille les mentalités et participe à ce combat.
@lizzobeeating : La chanteuse Lizzo incarne l’acceptation de soi en assumant fièrement son corps, et ça fait du bien. Elle a fait de la grossophobie l’un de ses combats. Et on ne se lasse pas d’écouter Juice (c’est toujours une bonne façon de bien débuter la journée).