2022 M02 28
Des femmes sensibles, douces, maternelles, attentionnées, et des hommes forts, virils, insensibles et confiants. Lire ça vous hérisse les poils et vous donne envie de tout envoyer valser ? C’est bien normal, et vous n’êtes pas seul.e à bondir devant tant de clichés.
Depuis quelques années, suite au mouvement #metoo, une vraie libération de la parole a lieu sur les réseaux sociaux. Les stéréotypes liés aux genres sont questionnés, contestés et déconstruits. Ce sont d’abord des femmes qui ont dénoncé le patriarcat, par la déconstruction des clichés, la sensibilisation sur la charge mentale ou encore la célébration d’une sexualité bienveillante et sans tabou.
Puis des hommes se sont emparés à leur tour de ces nouveaux espaces de parole pour dénoncer les injonctions de la masculinité hégémonique dans laquelle ils ont été éduqués, génératrice des comportements toxiques qui pèsent sur les femmes, mais aussi entre eux.
« Tu seras viril mon kid, tu brilleras par ta force physique. Ton allure dominante, ta posture de caïd. Et ton sexe triomphant pour mépriser les faibles. Tu jouiras de ta rude étincelle ». Les paroles de la chanson Kid d’Eddy de Pretto, particulièrement évocatrices.
Vers des masculinités conscientes et positives
Parmi les comptes les plus connus, @tubandes reste une référence majeure malgré son inactivité des derniers mois. Guillaume l’a lancé en septembre 2018 pour libérer la parole autour des injonctions et des stéréotypes qui entourent le genre masculin. « C’est quoi être un “homme” ? » questionne-t-il dans sa bio.
Dans ses posts, quand il ne témoigne pas de ses propres expériences, il laisse d’autres hommes se confier, sans filtre et sans jugement. Leurs histoires sont révélatrices de ce schéma toxique et de la virilité abusive qui en découle. Par exemple, un abonné avoue qu’il envoyait des dick pics non-consenties parce qu’il pensait que c’était comme ça qu’il allait « attirer les filles ». Il raconte comment il a pris conscience que son comportement était violent et non-désiré.
De manière générale, les différents comptes font preuve de beaucoup de pédagogie sur des sujets cruciaux comme le consentement, mais aussi le machisme, la contraception ou la place de l’homme dans l’avortement. Ils mettent en lumière les tabous masculins comme le plaisir prostatique ou la sensibilité, pour décomplexer des choses qui ne devraient pas être taboues.
Par ces prises de parole, ils montrent une pluralité de profils masculins, contestant cette idée qu’il n’existe qu’une seule « bonne » façon d’être un homme, « un vrai ». Leur objectif : permettre cet éveil des consciences pour accompagner leurs abonnés à se déconstruire et à repenser leurs comportements entre hommes, et avec les femmes.
Les comptes à suivre pour repenser les masculinités
@lesgarconsparlent : Ici on laisse la place à la parole des hommes qui témoignent sur des sujets très variés. Ce compte veut faire évoluer les mentalités à travers les expériences de vie, parfois très intimes, de ces anonymes qui osent briser le silence autour des tabous masculins.
@bennevert : Déconstruire les stéréotypes sur la masculinité, c’est aussi l’objectif que s’est donné le youtubeur Ben Névert. Sur Entre Mecs, il invite des hommes à échanger autour de sujets intimes qui questionnent leur rapport à leur genre : virilité, drague, sexualité, sextoys, émotions... Avec bienveillance et intelligence, il dénonce la masculinité toxique et la virilité abusive sur Youtube et Instagram, et dans son livre sorti en octobre 2021, Je ne suis pas viril.
@baptiste_new_masculinite : « Construisons une nouvelle masculinité. Soyons féministes. Aidons les hommes et les femmes » peut-on lire dans la bio du compte Twitter de Baptiste New Masculinité. Sur Instagram, il partage son point de vue et ses réflexions sur la contraception masculine, la libido, la sexualité…
@histoiresdemecs : Ce compte porté par Fabrice Florent met en avant des portraits d’hommes, souvent connus. Le youtubeur Cyrus North témoigne de son rapport à la perte des cheveux, les humoristes Alex Ramires ou Jérémie Dethelot racontent comment ils jouent avec les codes de la masculinité pour les déconstruire. On retrouve les différents témoignages dans un podcast du même nom.
@tubandes : On ne peut que recommander ce compte même s’il n’est plus actif car il reste une mine d’informations essentielles. À travers ses propres témoignages ou ceux d’anonymes, le créateur détruit les mythes, les stéréotypes et les injonctions liés à la masculinité toxique. Tous les sujets sont traités sans tabou, de la virilité abusive aux pratiques sexuelles en passant par les contraceptions masculines.
@pdetable : En bonus, on vous conseille ce compte de la bande-dessinée Pénis de Table, aujourd’hui terminée. L’auteur Cookie Kalkair parle de pénis (évidemment), de performance ou d’orgasme en dessins. À travers des profils d’hommes très variés, tous les aspects de la sexualité masculine y sont abordés.
Bien sûr, avec ces différents comptes, il n’est pas question de mettre au même niveau les pressions sociales subies par les femmes au quotidien et celles des hommes qui ont toujours un privilège de genre. Il s’agit bien d’éduquer et de sensibiliser pour faire évoluer les mentalités et venir à bout de tous ces comportements nocifs.