Aux USA, les hommes font la queue pour des opérations "vasectomie gratuite"

En abrogeant le droit à l'avortement, les états américains les plus réacs voulaient forcer les femmes à accoucher ; à la place, les hommes semblent enfin prêts à prendre leur part de responsabilité. C'est ce que prouve l'engouement pour les vasectomies rendues gratuites dans plusieurs établissements.
Hilaire Picault

2023 M11 20

    • Cette histoire commence le mercredi 27 septembre, sur Facebook. Ce jour-là, les Américains vivant en Oklahoma ont vu apparaître sur leur fil un post du Planned Parenthood (le planning familial) de la ville de Great Plains, leur annonçant une promotion un peu plus intrigante que des donuts bradés chez WallMart ou la deuxième pizza gratuite si vous commandez avant 16h : pendant deux jours, le centre de santé proposait… des vasectomies gratuites !

    L’info visait surtout à faire savoir que cette intervention était désormais pratiquée par les médecins d’Oklahoma City, mais contre toute attente, le post Facebook a été repartagé plus de 6000 fois, comme l’a relaté l’Oklahoma Voice. Mieux : tous les créneaux de rendez-vous ont été pris d’assaut en 48 heures. C’est dire comme les hommes étaient demandeurs…

    Le monde se mord la queue

    La raison de cette passion pour le bistouri ? Un besoin de contraception urgent. Pour rappel, la vasectomie est une méthode de stérilisation masculine consistant à sectionner les canaux déférents au cours d’une opération pour empêcher l’acheminement des spermatozoïdes. Or, depuis l’abrogation par la Cour Suprême américaine de l'arrêt Roe v. Wade qui garantissait le droit à l’avortement, plusieurs états ont interdit l’interruption volontaire de grossesse et celle-ci est rendue passible de prison.

    Une pression d’autant plus lourde pèse sur les méthodes de contraception or celle-ci ne sont pas toujours accessibles : le coût et la distance (prendre du temps pour aller consulter signifie souvent perdre une demi-journée de travail) sont parfois rédhibitoires pour les plus précaires.
    À défaut de contraception abordable et par crainte de ne pouvoir contrôler la procréation au sein de leur couple, de plus en plus de foyers américains se tournent vers la vasectomie, moins onéreuse.

    Casse-noisette pour toutes les bourses

    Les exemples de ce revirement ne manquent pas. Le site Jezebel rapporte que l’urologue Basel Hassoun qui pratiquait 1 opération par semaine serait passé à 3 à 4 depuis l’interdiction. Ses patients sont également plus diversifiés : s’ils étaient majoritairement trentenaires jusqu’ici, le Dr Hassoun reçoit désormais beaucoup d’hommes de 40 et 50 ans souhaitant protéger leur couple.

    Quelques mois plus tôt, le planning familial d’Oklahoma avait déjà déjà ouvert l’accès aux vasectomies dans sa clinique de Tulsa, une ville distante de 160 kilomètres d’Oklahoma City mais qui s’est vite retrouvée à crouler sous les demandes, raconte Madmoizelle. D’autres cliniques opèrent aussi gratuitement dans le Missouri et le Dr. Guarin, urologue partenaire du Planned Parenthood, a même lancé une clinique mobile qui circule dans les états environnants : la bien-nommée Nutcracker, le « casse-noisettes » !

    Par ailleurs les demandes de ligature des trompes ont aussi augmenté selon les médecins. C'est donc confirmé : l’abrogation du droit à l’avortement impacte autant les hommes que les femmes et augmente le nombre d'actes chirurgicaux, avec les risques que cela implique.


    Source image Une : MidJourney

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