Dans cette maison de retraite, un bar permet de lutter contre la solitude

À l’Ehpad Georges-Dumont d’Abbeville, situé dans la Somme, les résidents peuvent désormais se rendre « Chez Georges » sans sortir de l’établissement et boire un café ou une bière sans alcool, comme s’ils étaient au bistro du coin. Une initiative à consommer sans modération.
  • C’est un lieu où l’on peut s’asseoir au comptoir pour boire un petit café rapidement, se poser plus tranquillement avec un jus de fruit ou discuter des dernières actualités. Ici, c’est Chez Georges, un bistro comme il en existe des milliers en France et à travers le monde. À une petite différence près : il est situé en plein cœur d’un Ehpad — ces établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes —, à Abbeville, dans la Somme. 

    50 centimes le café

    Ce projet, qui a pour but de recréer du lien social entre les résidents mais aussi avec les visiteurs, a débuté en 2016. Grâce au soutien financier de l'Union européenne et du Centre national de solidarité pour l’autonomie, le lieu a pu ouvrir ses portes et accueillir ses premiers « clients » le 28 mars 2023. Car chez Georges, et même s’il est installé au sein d’un Ehpad, les boissons chaudes et froides sont payantes — mais vendues à des prix très modestes : 50 centimes le café, 1 euro le soda et 2 euros la bière. Une manière, aussi, de redonner aux personnes âgées une certaine forme d’autonomie.

    « L'idée était de transformer ce lieu qui était assez vide et assez froid en lieu social, d'en faire une place de village où les gens se rencontrent, discutent, peuvent boire un coup à la table d'un bistrot. Cet échange autour d’un coup à boire, c'est quelque chose dont les résidents sont dépourvus à leur entrée en institution. Ils n'échangent plus jamais d'argent. Là, ça redonne l'occasion d'échanger de l'argent contre des consommations, ce qui est aussi un lien social », raconte Laurent Douchin, cadre de santé en psychiatrie et à l’origine de ce projet, à France 3

    En l’espace de quelques jours, Chez Georges est devenu le nouveau lieu hype au sein de l’établissement. Dès l’ouverture des portes, à 14 heures, les premiers habitués sont au rendez-vous. Les résidents peuvent ensuite jouer à des jeux de société ou aux fléchettes, chanter, danser ou se relaxer dans une ambiance forcément plus conviviale et chaleureuse.

    La fin de service se fait autour de 17 heures 30. Enfin, quand les « clients » sont décidés à quitter le lieu. Cédric Pinilo, le barman du bistro, raconte : « ma collègue, qui ouvre à 14 heures en général, a déjà trois ou quatre personnes devant, alors que ce n'est même pas encore ouvert. On a du mal à fermer le bar aussi le soir, personne ne veut partir ! ». Le bistro est ouvert uniquement les après-midi durant la semaine. Mais l’Ehpad réfléchit à des solutions pour ouvrir le weekend. 

    Un bar, et ça repart

    Chez Georges est ouvert aux 300 résidents de l’établissement, mais aussi aux visiteurs et aux familles qui viennent rendre visite à un proche. Les familles « prennent davantage de plaisir à venir et restent plus longtemps. Elles passent un moment agréable et convivial en dehors des chambres où l’ambiance peut être pesante », poursuit Cédric pour Ouest France. « La fille d’une de nos résidentes nous a remerciés car elle voit de nouveau sa mère sourire. Quand elle est seule dans sa chambre, elle est très triste. Quand elle est au bar, elle regarde les autres et passe du bon temps. »

    Dans un reportage réalisé par BFMTV, l’un des résidents est content : « si l'on reste dans notre chambre on est isolé. Là on sort et on prend des nouvelles de tout le monde ». Si le bistro permet de rompre la solitude, il recrée surtout du lien social et redonne aux personnes âgées un espace à eux où ils peuvent oublier un instant qu’ils sont dans un Ehpad.

    Et c’est peut-être l’aspect le plus important. Interrogé par France 3, Hérald, ici depuis quatre ans, l’affirme : « On se sent mieux. Pour moi, c'est comme les vacances ! C'est convivial. Depuis qu'il y a ça, tout le monde revit. Les gens rigolent, c'est plus du tout la même chose ». Un exemple à suivre pour d’autres établissements : il suffit d’un juxebox, de quelques tables et d’un comptoir pour ramener de la joie. Et apporter quelques heures de bonheur aux résidents. 

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