Connaissez-vous Valérie Masson-Delmotte, la femme du GIEC qui veut réparer le climat ?

Time Magazine la considère comme l’une des 100 personnes "les plus influentes" au monde. Cette climatologue française est notre meilleure alliée pour que les gouvernements passent la seconde en matière de lutte pour le climat.
  • Fin mars, le 6e rapport du GIEC synthétisait tous les documents publiés par le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat depuis 5 ans. Il compilait près de 14 000 publications scientifiques de plus de 200 climatologues du monde entier. Un travail vertigineux.

    Parmi ses co-signataires, une Française ; Valérie Masson-Delmotte, climatologue au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE) de Saclay, centre mondialement reconnu sur les questions climatiques. Mais elle est aussi directrice de recherche au Commissariat à l'énergie atomique (CEA) et, depuis 2015, co-présidente du groupe de travail du GIEC, celui-là même qui évalue les bases scientifiques du changement climatique. Une sommité. Ce n'est pas pour rien si Time magazine la plaçait parmi les 100 personnes les plus influentes en 2022 : elle est la plus à même d’amener les gouvernements à agir pour sauver notre planète.

    Faire pencher la balance

    « Il y a déjà un manque de perception de l’urgence, confessait-elle à 20 Minutes, ainsi que des difficultés à comprendre les causes et les conséquences du changement climatique » Partie de ce constat, la scientifique a mis les bouchées doubles pour convaincre d'agir vite. Premier atout, la Dr Masson-Delmotte est paléoclimatologue, c’est-à-dire spécialisée dans les climats passés (comme le Sahara "vert" devenu le désert actuel) et leurs évolutions. Ses travaux recoupant plusieurs sciences (géologie, glaciologie…), ils participent à dissiper les théories climato-sceptiques qui contestent souvent un seul fait.

    Autre levier, ses travaux rendent tout compréhensible. À commencer par ses tweets qui décortiquent et traduisent des dizaines de graphiques en info intelligible pour chacun.

    Surtout, en produisant des évaluations scientifiques indépendantes et impartiales des dirigeants et des entreprises, son travail de direction au sein du GIEC rend l’analyse du changement climatique et de ses impacts limpide et indiscutable, ce qui facilite le passage à l’action. Et les rapports contiennent tout un arsenal d’outils pour aider les gouvernements à élaborer leurs politiques.

    Que recommande-t-elle ?

    Droite dans ses bottes blanches de scientifique, Valérie Masson-Delmotte n'a pas pris de position personnelle mais défend les conclusions des chercheurs. Toutefois, elle a donné trois directions nettes.

    D’abord, elle précise la véritable urgence : « Le problème pour le climat, ce sont les émissions de gaz à effet de serre, pas forcément les énergies fossiles en tant que telles » rappelait-elle à Vert.eco. Questionner la rentabilité d’une transition énergétique ou le passage aux voitures électriques, etc, on perd du temps. Elle ajoute même : « Si les pays dont l’économie est entièrement dépendante des fossiles veulent rester comme cela, il faut qu’ils utilisent le captage et le stockage de carbone. »

    Ensuite, mais toujours côté énergie, la priorité selon elle est « de sortir du charbon et de déployer au maximum tout ce qui permet de produire de l'électricité bas carbone ». A ce titre, le rapport du GIEC considère le nucléaire comme un levier d’action réel dans la réduction des émissions, mais souligne qu’il n’est « pas accessible partout dans le monde » et que des risques y sont associés (accidents, déchets radioactifs, propagation).

    Enfin, la climatologue dissipe les angoisses en rappelant que les solutions au dérèglement climatique existent : politiques ou techniques, « des choses ont été testées, qui fonctionnent aussi bien pour limiter les risques que réduire les émissions de gaz à effet de serre… » Et la plus évidente n’est pas celle qu’on croit : une gestion durable des terres agricoles et forestières aiderait à stocker le carbone dans les sols tout en améliorant la production agricole. Donc oui, un autre monde est possible et Valérie Masson-Delmotte est l’une de ses architectes.

    Crédit photo Une : Wikipedia.

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