Qui est Stéphanie Hein, la première bouchère à devenir meilleure ouvrière de France ?

La jeune artisan boucher de 31 ans est devenue, en juin 2023, la première femme « Meilleurs Ouvriers de France » (MOF) en catégorie boucherie. Une filière où on recense 8% de femmes, selon l’INSEE.
  • Stéphanie n’aime pas le terme « bouchère ». Elle préfère « artisan boucher » ou alors « femme boucher », comme elle le raconte au journal Libération qui lui consacre ces jours-ci un portrait. La raison de cet article est évoquée plus haut : Stéphanie Hein a été officiellement intronisée en tant que « Meilleurs Ouvriers de France », dans la catégorie boucherie, le 20 juin 2023. C’est la première femme à décrocher ce diplôme depuis 1924, date de la création officielle de ces récompenses destinées aux meilleurs artisans de l’hexagone. Pourtant, quelques années plus tôt, Stéphanie étudiait la compatibilité. Et était très loin des chambres froides, des carcasses d’animaux et des désossages. 

    Stéphanie a 19 ans quand elle décide d’arrêter la comptabilité. Elle fait des petits boulots, du style trier les déchets ou encore tondre des moutons. On lui parle de la boucherie alors elle peaufine son CV et tente le coup. Elle envoie 250 lettres restées sans réponse, dans la région de Tours, où elle habite. Dans une filière où on compte seulement 8% de femmes d’après l’INSEE, pas facile de trouver sa place. La persévérance paie : Stéphanie décroche un stage à Blois et passe un CAP. Elle finit major de promo et obtient la récompense de meilleure apprentie de la région Centre-Val de Loire, en catégorie boucherie. Un premier titre, déjà. 

    Stéphanie ne s’arrête pas là. Après ses études, elle débute un cursus à l’École nationale supérieure des métiers de la viande à Paris. Là encore, elle doit trouver une entreprise. Après avoir contacté 120 patrons, elle retourne dans sa région, à Amboise, et intègre un établissement, celui de Michel Rocheteau. À ses côtés, elle poursuit son apprentissage : la sélection des bovins, la découpe des carcasses, etc. En retour, elle aide le patron niveau comptabilité.

    À l’âge de 23 ans, Stéphanie devient professeur au Campus des métiers et de l’artisanat de Joué-lès-Tours, en plus de son activité professionnelle. En 2020, la femme boucher intègre l’équipe de France de boucherie et dès l’année suivante, elle gagne la coupe d’Europe en équipe. C’est la première femme à ramener cette coupe à la maison. À la coupe du Monde, qui s’est déroulée en 2022 à Sacramento (États-Unis), Stéphanie était remplaçante. La France obtient la cinquième place. Mais la même année, le 17 novembre, on lui annonce la (bonne) nouvelle : elle va devenir une MOF, raccourci pour « meilleur ouvrier de France ». Et quelque part, avec ce titre, sa vie va changer. 

    Depuis la remise de son diplôme, lors d’une cérémonie à la Sorbonne, son agenda est devenu celui d’une ministre : les médias voulaient savoir qui était cette artisan boucher que rien ne destinait à la boucherie et les politiques ont voulu la rencontrer. Il y a un autre élément à prendre aussi en considération. Au même moment, Stéphanie était en pleine négociation pour reprendre trois boucheries, toujours en Indre-et-Loire, et donc se mettre à son compte. Depuis ce mois-ci, elle est à la tête d’une dizaine d’employés, comme l’explique Le Monde ici.

    Jusqu’à là, c’est donc un parcours sans faute. « Même si le métier s’est démocratisé depuis quelques années, j’espère que cette victoire permettra d’aider des jeunes femmes à oser devenir bouchère », a déclaré Stéphanie à Ouest-France. Mais elle confie aussi que les barrières sur son chemin (le racisme et le sexisme en particulier) ne font pas pour autant d’elle une icône ou un symbole. Elle est avant tout fière. Et l’affirme sans sourciller : la boucherie est métier d’avenir qui peut rimer avec féminité. 

    Crédit photo : @Facebook Stéphanie Hein

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