ilettrisme e-learning

Le numérique, meilleure arme pour sauver les femmes de l’illettrisme ?

Ne pas savoir lire, écrire ou calculer empêche toute vie professionnelle et nuit à l'épanouissement. Les femmes et jeunes filles en sont plus touchées que les hommes. Heureusement, une étude montre que le numérique pourrait résoudre cette fatalité.
  • Près de 763 millions de personnes dans le monde ne savent ni lire ni écrire, adultes et jeunes confondus. Rapporté aux 8 milliards d'humains sur terre à la fin 2022, cela signifie que l'illettrisme (défini comme l’incapacité à maîtriser la lecture, l'écriture et le calcul) touche 9,5 % de la population. Soit pratiquement 1 humain sur 10, alors que la lutte contre l’illettrisme est l'un des objectifs de développement durable de l’ONU (inclus à l’accès à une éducation de qualité). Mais il y a pire : des disparités de genre noircissent encore ce bilan.

    Selon l'Unesco, deux tiers des illettrés sont des femmes, ce qui maintient leurs conditions de vie déjà souvent inférieures, voire les accentue et les condamne à la pauvreté et la dépendance.

    D’où viennent ces différences d’alphabétisation ?

    Selon ONE, l'ONG chapeauté par Bono, l'inégalité filles-garçons provient d’abord d’un accès inégal à l’éducation : plusieurs pays compliquent l’entrée des femmes dans leurs écoles (Afghanistan, Soudan, Niger, Éthiopie..). Plus de 130 millions de jeunes filles ne seraient même pas du tout scolarisées, tombant ainsi dans l’analphabétisme.

    Pour celles qui ont été à l’école, la faute pourrait être imputée à l’âge de mariage : la moitié des femmes se marie avant ses 18 ans dans les 10 pays où l’illettrisme est au plus haut. Mariées, les jeunes femmes abandonnent l’école, élèvent des enfants et vont chercher de l’eau ou cultivent de quoi nourrir leur famille, ce qui conduit à l'illettrisme.

    Comment dépasser cette fatalité ? Avec des dons pour construire plus d’écoles, pardi ! Mais aussi en développant les outils numériques et l'accès à internet. Une récente publication de l’Unesco estime que les « technologies numériques peuvent permettre de relever les défis liés à l’éducation » en offrant « davantage de ressources pédagogiques » à plus d’apprenants dans le monde, dont les femmes écartées de l’école.

     

    Students with Hands Raised (c) Emmanuel Ikwuegbu

    Apprendre

    Ces outils numériques peuvent inclure des sites, des médias, des vidéos, des serious games (jeux vidéo apprenants) mais aussi l'accès à des messageries et emails... S’ils ne remplacent pas l’alphabétisation (donc un passage initial par l’école), l'Unesco les voit comme « un outil crucial pour faciliter l’apprentissage de la lecture, de l’écriture et du calcul » ainsi que d’autres compétences utiles à l’émancipation. Et même pour ceux qui sont encore en phase d’apprentissage, la pandémie a prouvé que l’apprentissage à distance a « permis la continuité des programmes d’alphabétisation ».

    Nul doute désormais que favoriser l'accès à internet sera LE moyen de faire chuter l’illettrisme. Les pays qui n’investissent pas dans l’éducation le feront plus facilement dans ces outils et réseaux, secteur viable économiquement. Mais il faudra encore combattre "l'illectronisme", c’est à dire l’insuffisante maîtrise des outils informatiques (moteur de recherches, email, etc). Or des stéreotypes culturels mettent encore les femmes à l'écart des téléphones et ordinateurs comme le dénonce l'ONG Plan International qui aide les femmes à se former au numérique.

    Heureusement, comme l’a affirmé à La Tribune le vice-président de Huawei, qui s'active à développer les réseaux filaires et stabiliser les connexions sur le continent Africain, « la résorption de l'illectronisme peut mener à la fin de l'illettrisme ». Une pierre, deux coups.

    Crédit photo de Une : Kampus Production / Pexels

    A lire aussi