2023 M10 27
Cela paraît incroyable à une époque où l'on fabrique de la viande et des organes synthétiques, mais les laboratoires pharmaceutiques utilisent encore des chiens pour tester leurs produits. Il y a pile un an, en octobre 2022, des militants animalistes avaient dénoncé cette pratique devant un centre Sanofi (5e plus gros labo mondial en chiffre d’affaires) près de Lyon sous les yeux de Libération qui décrivait qu’un élevage de chiens de laboratoire détenait près de 1500 bestioles destinées à finir leurs vies comme cobayes.
Selon les chiffres du ministère, entre 4000 et 5000 chiens ont chez nous subi, en 2020, injections, prélèvements, biopsies, tests variés et finalement autopsies. Car c’est le destin de ces boules de poils : on estime qu’à peine 1 % des cobayes ressortent vivants des labos après les phases de tests.
Souffrir pour la science
Très prisés, les beagles sont choisis car ils auraient des organes génétiquement proches de ceux des humains, facilitant les tests, mais ils sont aussi particulièrement dociles et ne chercheront pas à se rebeller. Pour qu’ils ne soient plus victimes de leur gentillesse, Virginie Mouseler a décidé de lancer des opérations de sauvetage.
La Française a créé en 2016 l’association Beagles of Burgundy qui organise la récupération et recueille les compagnons à quatre pattes dans un domaine dédié, en Bourgogne comme son nom l’indique. Oubliez les films d’action en cagoule et lampe torche, l’association se renseigne auprès de tous les labos du monde pour savoir quand finissent leurs protocoles de test et éviter les euthanasies. Elle se déplace partout en Europe pour récupérer les animaux "jetés" en masse et les ramène en camion. Puis elle les réacclimate à la vie normale.
First #beagle rescue completed ! #AnimalCruelty pic.twitter.com/8wnRZJROBz
— BeaglesofBurgundy (@BeaglesBurgundy) January 3, 2020
Une vie de chien
Pour éviter les parasites, ces chiens « n'ont jamais été en contact avec la nature, explique Virginie dans un reportage de France3. Dans les laboratoires, il faut qu'ils soient gardés dans un univers sans bactérie ni microbe ». C'est donc dans ce domaine d’une dizaine d’hectares en pleine nature que les beagles vont découvrir la sensation de marcher dans l'herbe.
Une fois leur traumatisme apprivoisé, les chiens habitués à la présence humaine et aux bruits du quotidien, sont proposés à l’adoption. Les demandeurs sont invités à venir passer une jour et une nuit au "Bed & Beagle" pour faire connaissance avec leur nouvel ami avant de l’emmener (et l’aimer) pour la vie.
En août 2020, 6 mois après son lancement, Beagles of Burgundy avait sauvé 75 chiens dont la majorité ont retrouvé une famille. Depuis, Virginie annonce avoir redonné une vie à plus de 300 toutous. Mission réussie...
A-t-on encore besoin de tests sur des chiens ?
Le protocole pharmaceutique n’exige nullement que des animaux servent de cobaye mais impose, avant tout essai clinique sur l’homme, que les médicaments soient testés sur deux espèces animales : un rongeur (généralement un rat) et un non-rongeur (singe ou chien).
Le vétérinaire André Ménache de l'organisation Antidote Europe explique que ce cheminement « permet à l'industrie pharmaceutique d'obtenir une autorisation de mise sur le marché (AMM) beaucoup plus vite que si elle passait par des tests uniquement basés sur du matériel humain » comme des cellules humaines par exemple. Ceci a été décidé il y a 75 ans et pourtant le protocole n’a pas changé… Il serait peut-être temps d’arrêter de gaspiller des vies, non ?