Et si vous échangiez votre production d’électricité solaire contre des packs de bière ?

En Australie, où 20% de la population est équipée de panneaux photovoltaïques et produit sa propre électricité, le plus gros brasseur du pays propose à ses clients d’échanger leurs surplus d’électricité contre des packs de bière. Avec ces rachats de surplus d’électricité, la marque alimente ses brasseries à 100% par de l’énergie solaire.
  • Premier exportateur mondial de charbon, l’Australie a pris, depuis quelques années déjà, le virage des énergies renouvelables, pour remplacer à terme une énergie fossile condamnée au déclin. C’est le deuxième pays au monde, derrière le Honduras, où le solaire photovoltaïque assure la part estimée la plus élevée de la production nationale d'électricité avec 10,7 %.

    Les projets, notamment solaires, se multiplient. Le plus spectaculaire est celui de la construction d’un câble de 3.800 kilomètres pour exporter de l’électricité solaire à Singapour et en Indonésie. Dans ce pays grand comme 14 fois la France, où le soleil brille en moyenne 300 jours par an, 20% de la population est également équipée de panneaux photovoltaïques et produit sa propre électricité. Une production bien souvent supérieure à la consommation des foyers.

    Une idée qui fait "mousse"

    D’où l’idée qui fait « mousse » lancée par Victoria Bitter (VB pour les intimes), l'une des plus célèbres marques de bières australiennes. Le brasseur vient de lancer un programme baptisé « Solar Exchange » dont le principe est aussi simple que génial. Il permet aux « Aussies » d’échanger l’excédent d’électricité produit par leur installation photovoltaïque contre des canettes de Victoria Bitter, et ce, à un taux de change pour le moins avantageux puisque la bière leur revient alors 40% moins chère que ce qu’elle coûte dans le commerce .

    En échange de l'équivalent de 19 euros d'énergie solaire produite et non utilisée, VB livre à domicile à ses clients un pack de 24 bouteilles, normalement vendu autour de 35 euros dans le commerce, dans la limite de 30 packs par an.

    Très engagée en matière de développement durable, la marque alimente déjà ses brasseries à 100% par de l’énergie solaire. L'électricité rachetée aux particuliers servira, elle, à alimenter le siège de l'entreprise mais aussi à brasser les autres marques du groupe.

    « Des dizaines de milliers de personnes se sont rendues sur notre site web dès les deux premières semaines et beaucoup se sont déjà inscrits. Nous sommes donc certains de pouvoir faire tourner bientôt l’ensemble de notre activité avec de l’énergie solaire », se félicite Hayden Turner, le directeur marketing de VB.

    Un suivi de bières gagnées en temps réel

    Pour bénéficier de cette offre, les clients doivent passer par le distributeur d’électricité Diamond Energy. Les transactions sont gérées par une blockchain développée par Power Ledger. Grâce à celle-ci, les participants peuvent voir toutes les 30 minutes combien de crédits – et donc combien de bières – ils ont gagné.

    Tu prefères impôt ou un pot ? 

    Cette initiative arrive en tout cas à point nommé pour les 2,5 millions de foyers équipés de panneaux solaires en Australie. Car cet hiver, le régulateur australien de l’énergie a suggéré l’imposition d’une nouvelle taxe qui s’appliquerait à tous ceux qui revendent leur surplus d’énergie solaire à leur fournisseur d’électricité. Une décision qui a pour but de décongestionner le réseau en période de pic de production d’électricité, réseau qui malgré le nombre très élevé d’Australiens équipés de panneaux solaires, reste essentiellement conçu pour distribuer de l’électricité. Mais pas pour en recevoir. Alors plutôt que de payer des impôts pour avoir produit plus d’énergie qu’ils n’en consomment, les Australiens ont désormais la possibilité de payer un pot à leurs amis.

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