2021 M02 24
Lorenzo Fioramonti a beau avoir été le plus éphémère de tous les ministres italiens de l’Éducation Nationale, puisqu’il n’est resté en poste que de septembre à décembre 2019, il n’en a pas moins laissé une trace indélébile dans l’histoire. Cet ancien professeur d'économie à l'université de Pretoria, en Afrique du Sud, qui est entré sur le tard en politique, s’était déjà fait remarquer un an avant son arrivée au ministère en encourageant les jeunes à sécher les cours pour participer aux marches pour le climat.
Et dès qu’il a intégré le gouvernement, il a fait voter à la vitesse de l’éclair une réforme majeure du système éducatif italien, qui instaure une nouvelle matière obligatoire au tronc commun des enseignements : le réchauffement climatique.
« J'ai été ridiculisé par mes opposants et traité comme l’idiot de village. »
« J'ai été ridiculisé par mes opposants et traité comme l’idiot de village mais ce n’est pas grave, ironise-t-il dans les médias au moment du vote de sa réforme. Car je veux faire du système éducatif italien le premier système qui place l'environnement et la société au cœur de tout ce que nous apprenons à l'école. »
Le texte de loi stipule que les élèves, du primaire au lycée, doivent étudier le réchauffement climatique et les questions liées à l'environnement à raison de 33 heures par an, soit une heure par semaine. Et ce n’est pas tout puisque les matières traditionnelles comme les mathématiques, la géographie ou la physique sont également abordées sous l’angle du développement durable.
Ministre furtif mais réforme durable
En décembre 2019, trois mois et vingt jours après après sa nomination, Lorenzo Fioramonti démissionne mais sa réforme est passée, faisant de l’Italie le premier pays au monde à rendre obligatoire l’enseignement du réchauffement climatique.
Depuis la rentrée de septembre, Elena, institutrice dans une « scuola primaria » de Pomezia, une commune située à 30 kilomètres au sud de Rome, enseigne donc cette matière à ses élèves de CM2. « Quand Lorenzo Fioramonti a annoncé cette réforme, j’étais un peu inquiète car je ne suis pas vraiment une spécialiste du réchauffement climatique. Mais le ministère a mis en place une plateforme collaborative sur laquelle des enseignants mais aussi des étudiants pouvaient faire des propositions de cours. Et il en ressorti des tas d’idées formidables », raconte-t-elle.
C’est devenu la matière préférée des enfants
Tous les lundis matins, Elena entame donc la semaine par une heure de cours sur le réchauffement climatique. « C’est une façon extraordinaire de reprendre la classe, parce qu’en quelques mois seulement, c’est devenu la matière préférée des enfants, poursuit-elle. J’ai mis en place des modules qui sont très ludiques et très concrets. La participation des élèves pendant ce cours est juste incroyable. Ils sont tous concernés et surtout ils ont tous de bonnes notes dans cette matière. »
Car le réchauffement climatique faisant partie du tronc commun obligatoire, il doit en effet être sanctionné par une validation des connaissances. « Je fais effectivement des contrôles de réchauffement climatique, s’amuse Elena. Mais comme nous avons aussi mis en place plein d’actions concrètes en classe et dans l’école en matière de recyclage ou d’économies d’énergie, les enfants sont aussi notés sur leur engagement dans ce domaine. Le fait que nous ayons également intégré le thème du développement durable à certaines matières comme les mathématiques ou les sciences permet à de nombreux élèves de les aborder différement et de se prendre au jeu. Alors c’est peut-être un petit pas vers monde plus durable à l’échelle de l’humanité mais à celle de notre école, c’est un vrai bond en avant. »