Navettes gratuites, repas partagés... les solutions pour les étudiants précarisés par la crise

Navettes gratuites, repas partagés, distribution alimentaire, prêt de matériel, petit jobs… Depuis un an, les initiatives pour aider les étudiants en détresse à cause de la crise du Covid-19 se multiplient. Tour d’horizon non exhaustif de cet élan de solidarité.

D’après un sondage réalisé par Le Figaro Étudiant fin janvier, 54% des étudiants français ont déjà pensé à arrêter leurs études depuis mars 2020, début de la crise sanitaire liée au Covid-19. La détresse étudiante est devenue un sujet préoccupant, régulièrement relayé dans les médias. Isolés dans de minuscules chambres ou appartements, paupérisés par la fin des jobs d’appoint et démotivés par les cours en ligne (quand ces derniers ont lieu), les étudiants sans soutien financier de la part de leur famille sont en effet en première ligne des besoins urgents. Les initiatives pour leur venir en aide se sont donc multipliées dans toute la France.

Des repas "en famille d'accueil" pour les étudiants isolés

"Clique ici si tu es dans la merde pendant le confinement, on a sûrement une solution (quel que soit le domaine, mais utile et urgent)." La page d’accueil du site Internet de l’association La Navette étudiante, à Pau, ne fait pas de chichis depuis le début de la pandémie. Créée en 2016 dans le but initial d’aider les étudiants locaux dans leurs déplacements quotidiens (y compris lors des fameuses soirées étudiantes du jeudi soir, et ce jusqu’à 5 h du matin), elle propose depuis mars 2020 d’autres services solidaires liés à la crise actuelle.

C’est Gilles Cabel, journaliste à NRJ Pau, qui a eu l'idée de créer un dispositif de Repas Partagés ; il a fait appel à la dynamique asso déjà connue des locaux. Les Palois sont ainsi enjoints à inviter chez eux un(e) étudiant(e) pour partager un déjeuner ou un dîner. Le principe est simple : les potentiels hôtes doivent s'inscrire par mail ou par téléphone, en proposant des dates auxquelles ils sont disponibles pour accueillir un ou des jeunes. "Pour se rendre chez son hôte, l’étudiant(e) pourra si besoin faire appel à la plateforme Mobilités animée par l’association", précise La Navette étudiante, qui boucle la boucle de l’entraide.

À Pau comme dans bon nombre de villes étudiantes (le campus local en accueille plus de 8000), une épicerie solidaire, une banque alimentaire, la Croix Rouge et d’autres associations de terrain proposent aussi des repas à 1 euro dans les restos universitaires. Bonus, la plateforme d’entraide de La Navette étudiante inclut désormais un bus gratuit dédié aux tests Covid.

La nourriture en première ligne des besoins

À Paris, l’opération Du Beurre dans les épinards, créée par l’asso Student Pop, a réceptionné 150 repas par jour, confectionnés par des chefs parisiens, d’avril à juin 2020 et à nouveau en novembre. "Grâce à l’aide de nos bénévoles, nous les avons distribués aux étudiants dans le besoin dans les cités universitaires d’Ile-de-France", expliquent-ils. "Nous sommes en train de réfléchir à nos prochaines actions avec nos nombreux partenaires", nous dit au téléphone Ouriel Darmon, son fondateur. Depuis le début de la crise, l’association collecte également des produits de première nécessité (savons, brosses à dents, masques…). 2500 colis, soit 24 tonnes de produits, ont ainsi été distribués.

Du côté de Colmar, dans le Haut-Rhin, les meilleurs restaurateurs et cuisiniers de la région, dont certains sont étoilés, se relaient en ce moment-même pour préparer chaque jour cent repas à des étudiants. L’opération, imaginée par deux habitantes de Ribeauvillé, a débuté le 23 février et durera quatre semaines. À Metz, le propriétaire du restaurant 100 Patates a organisé ce jeudi une opération de solidarité à laquelle plus 400 étudiants se sont inscrits.

Un an après le début de la pandémie, les distributions alimentaires sont malheureusement toujours prises d’assaut par des étudiants en situation de précarité. Sur la seule journée du 1er mars, l'association Linkee en a aidé 500 lors d’une distribution dans le 13e arrondissement de Paris. "Depuis qu’on a mis en place l’opération à la rentrée universitaire, on a vu le nombre d’étudiants augmenter chaque semaine", expliquait lundi au Huffington Post Julien Meimon, président de Linkee.

Un manque criant de matériel, de services et de revenus  

Du côté des besoins en matériel, l’université Jean-Moulin-Lyon 3 a déclenché au début de l’année 2021 un plan d'action solidaire comprenant prêts d'ordinateurs et aides financières. Celle du Mans, soucieuse de l’état psychologique (et du look) de ses étudiants, propose des coupes femmes et hommes gratuites via le CFA coiffure de la ville. De mars à la fin de l’année scolaire mi-juin, les apprentis entraîneront donc leurs talents sur les cheveux des étudiants sarthois.

Pour faire face à la précarité générale galopante, le ministre de l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a annoncé ce mardi le recrutement de 1700 étudiants pour jouer les médiateurs et aider à l’organisation de la campagne de dépistage massive qui vient de débuter dans les écoles. Il a précisé que ces étudiants seraient payés pour aider à la réalisation des tests salivaires "entre maintenant et la fin du mois de juin". Ces nouvelles recrues renforceront le contingent de 2000 médecins et infirmiers volontaires travaillant déjà pour l'Éducation nationale.

Désormais, la majorité des étudiants espère une porte de sortie prochaine grâce au vaccin. Malheureusement, une fois de plus, leur jeune âge ne les rend pas prioritaires. Il va encore falloir être patient.

Crédit photo de une : page Facebook de Student Pop.

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