2022 M06 24
La mode ressemble parfois à un ogre que rien ne rassasie : on achète 60 % de vêtements de plus qu’il y a 15 ans, mais on les conserve moitié moins longtemps, selon l’association Zero Waste France. Heureusement, on assiste à un essor de marques ethiques permettant de se constituer un dressing éco-responsable : les ressourceries éclosent comme des champignons et les consommateur.rices se convertissent de plus en plus au durable, à la seconde main, à l’upcycling, etc. Et pour que les chaussures connaissent une fin vraiment heureuse, une marque canadienne veut transformer vos vieilles paires en arbres.
Six pieds sous terre
En 2011, le designer néerlandais Christiaan Maats inventait Oat, la première sneaker 100% biodégradable et qui, une fois mis en terre, faisait pousser une plante verte grâce à une graine cachée dans la languette. L’innovation n’a pas eu son succès escompté – la marque n’est plus commercialisée. Ce qui ne veut pas dire que l’idée était mauvaise !
Aussi, le canadien Luc Houle décide en 2021 de ressortir du placard ce concept de la « chaussure-plante ». Il confie à Goodnet avoir fait un constat empirique des maux de la mode :
« J’ai travaillé dans le domaine de la chaussure pendant 12 ans. […] À un moment, j’ai été impliqué dans le développement des produits et j’ai pris conscience du problème dans la façon de les fabriquer. La majorité d'une chaussure est faite de plastique qui restera près de 1000 ans dans les décharges. »
Comprenant que l’industrie de la chaussure n’était pas près de changer, Luc Houle lance Johnny, une basket entièrement biodégradable, qui abrite une graine de pommier.
Marchez, plantez, mangez des pommes
La Johnny intègre un composé chimique qui provoque la destruction de la chaussure et ne s’active qu’une fois celle-ci plantée dans la terre humide. Il faudra ensuite 3 années avant qu’elle ne soit complètement biodégradée. À la mi-chemin de ce processus, une graine de pommier enrobée de fertilisant et cachée dans la semelle sera libérée et commencera à pousser.
Après une campagne de préfinancement réussie, les premières paires de Johnny sont actuellement en cours de fabrication et seront disponibles à la fin de l’été.
Quant au nom, il n'a pas été choisi en référence à notre rockeur national N°1, mais en hommage au botaniste et pépiniériste John Chapman, surnommé « Johnny Pommier » pour avoir introduit cet arbre dans le midwest des États-Unis au début du XIXe siècle. Le pomiculteur aurait certainement adoré avoir un verger caché dans la semelle de sa chaussure.