Biodiversité : le WWF tire la sonnette d’alarme

Tous les deux ans depuis 1998, la célèbre ONG au panda publie son rapport Planète Vivante pour dresser un bilan de santé de la biodiversité mondiale. Sans surprise, les résultats du dernier check-up ne sont pas bons.
  • Connaissez-vous l’IPV ? Il s’agit de l’Indice Planète Vivante. Développé à la fin des années 1990 par le World Wide Fund for Nature, cet indicateur mesure l’état de la biodiversité depuis 1970, année témoin. Il se construit à partir des données de populations des vertébrés (poissons, oiseaux, mammifères, amphibiens et reptiles) et permet d’évaluer la vitesse et l’ampleur des changements affectant la biodiversité dans le monde.

    2/3 de la faune sauvage ont disparu en 50 ans

    Après avoir collecté les données de 32 000 populations de plus de 5230 espèces de vertébrés sauvages réparties sur l’ensemble de la planète, l’indice IPV 2022 montre un déclin de 69 % des populations entre 1970 et 2018. Le gorille des plaines, la tortue luth, le dugong (sorte de lamantin avec un nez en forme d’aspirateur, regardez comme il est étonnant), le lynx, le requin, les coraux et les rainettes sont en haut de la liste des espèces menacées.
     

    Dans ce triste palmarès, l’Amérique latine connaît le plus grand déclin régional de la biodiversité (94%) et les populations d’espèces d’eau douce sont les premières victimes avec 83 %.

    WWF identifie les 6 principales menaces sur la faune sauvage :

    - l’agriculture intensive,
    - la chasse et le braconnage,
    - l’exploitation forestière,
    - la pollution,
    - les espèces envahissantes introduites par l’homme hors de leur aire d’origine et qui menacent les espèces locales,
    - le changement climatique qui force les espèces à migrer, s’adapter ou disparaître.

    Cette crise de la biodiversité se fond dans la crise du climat. Toutes deux sont alimentées par la surexploitation des ressources naturelles. Le rapport déplore que cette double crise - « les deux faces d’une même pièce » - est trop souvent abordée comme deux problèmes distincts. Ce qui nuit évidemment à un traitement efficace :

    « Le déclin de la biodiversité ne pourra être réduit si nous ne parvenons pas à limiter le réchauffement à moins de 2 °C (ou de préférence à 1,5 °C). Cela nécessitera une décarbonation rapide et profonde dans tous les secteurs : énergie, bâtiments, transports, industrie, agriculture et utilisation des terres. »

    Objectif : « bilan nature positif d'ici 2030 »

    Selon Marco Lambertini, directeur général du WWF International, ce bilan catastrophique doit rehausser nos ambitions :

    « Parvenir à ''une perte nette nulle de nature'' ne suffira pas. Nous avons besoin d'un objectif positif net pour restaurer la nature et non, simplement, stopper sa disparition. »

    La situation est « dramatique », mais « pas désespérée », explique Véronique Andrieux, directrice générale du WWF France, qui rappelle les initiatives à multiplier : les aires protégées et gérées par les communautés locales ; la restauration des écosystèmes par les solutions fondées sur la nature ; la transformation de nos modes de production et de consommation.

    L’ONG réclame également depuis plusieurs années un moratoire sur l’exploitation minière des fonds marins et la suspension des subventions des activités dommageables à la biodiversité.

    Selon les projections du rapport Planète Vivante 2022, la mise en place, dès maintenant, d’actions de conservation ambitieuses avec des mesures de production et de consommation responsables permettrait à la biodiversité de repartir à la hausse à partir de 2050.

    On espère donc que cet objectif « bilan nature positif » sera la boussole de la 15e conférence mondiale sur la biodiversité (COP15), qui se tiendra au mois de décembre prochain à Montréal.

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