Sueur, stress, allergies... comment le réchauffement climatique agit-il déjà sur la santé des Français ?

Qu'elles soient mentales ou physiques, les conséquences du réchauffement climatique sur nos organismes ne doivent plus être considérées comme des menaces virtuelles. Même en France, on commence déjà à constater les effets de ce changement global, et qui n'est hélas pas bloqué à nos frontières.

Lorsqu’on parle du réchauffement climatique, le grand public a encore tendance à l’évoquer au futur, le reléguant ainsi à une menace lointaine et indéfinie. Ce qui permet à certains pays de ne pas se sentir directement "concernés" par ce grand dérèglement. On entend et lit beaucoup que les pays pauvres du Sud seront touchés en premier, plaçant une fois de plus ce problème majeur et mondial à distance.

Pourtant, poser un regard local sur une problématique globale est contre-productif. Entre 2030 et 2050, selon l’Association des Encyclopédies de l’Environnement et de l’Énergie, créée par l’Université Grenoble Alpes (UGA), "les changements climatiques devraient générer près de 300 000 décès supplémentaires par an, en accroissant la malnutrition et la sous-alimentation des enfants, les maladies transmises par des insectes, les diarrhées et les stress liés à la chaleur".

Et contrairement aux croyances populaires, l’effet-papillon de ces multiples conséquences du réchauffement climatique dans des contrées déjà connues comme "pays chauds" sera immédiat. En effet, "près de 250 millions de ‘réfugiés climatiques’ sont attendus à l’horizon 2050", provoquant un "stress politique" que l’on observe déjà dans les discours médiatiques. Cet état de fait est brandi comme une menace, et sans apporter de solutions concrètes.

Des situations de stress "pré ou post-traumatique"

De nouvelles maladies, ou d’anciennes réactivées par un réchauffement général, devraient aussi être la cause de nos soucis. "Les entomologistes sont convaincus que l’élargissement des zones chaudes et humides à la surface du globe décuplerait les populations d’insectes vecteurs de virus", avance l'UGA. Ces effets directs et indirects devraient charrier de nombreuses pathologies.

Ces nouvelles tout droit sorties de romans de fins du monde posent déjà, en France et en Europe, un problème connu sous le nom d’"éco-anxiété". Une impression de stress mental sur lequel se penchent de plus en plus de psychologues. Et surtout la preuve que si les conséquences ne sont pas encore directement matérielles et physiques dans l’Hexagone, le réchauffement climatique marque déjà nos cerveaux. Cet état "d’impuissance et de détresse profonde" n’est pas à prendre à la légère.

Si l’UGA rappelle qu'un "stress mental post-traumatique lié aux événements extrêmes et aux phénomènes migratoires qui peuvent en découler" concerne avant tout les réfugiés climatiques, les pays du Nord semblent déjà développer un "stress pré-traumatique". Une étude IFOP réalisée en juillet 2020 révélait que 85% des Français "sont inquiets à propos du réchauffement climatique". La tranche la plus touchée serait les 18-24 ans, soucieux de leur avenir très proche. Pour ne pas dire de leur présent.

Des conséquences déjà concrètes en France

En effet, les vagues de chaleur se multipliant de manière exponentielle chaque année dans notre pays, côté physique, "les pathologies respiratoires liées à la pollution atmosphérique, telle la teneur en ozone qui augmente avec la température, vont augmenter", prévient l’Université de Grenoble-Alpes. L’accroissement des températures devrait également favoriser l'explosion des allergies.

Elle donne comme exemple incontournable et effrayant l’épisode caniculaire européen de l’été 2003, que l’on peut d’ores et déjà considérer comme une conséquence directe des méfaits du réchauffement climatique. "Dans certains pays, comme la France ou le Portugal, les conséquences furent importantes sur les écosystèmes, le niveau des récoltes (-20% en France), la population et les infrastructures, provoquant même une crise politique". Des chiffres concrets.

Les estimations officielles évoquent 15 000 décès supplémentaires en France (soit une surmortalité de +55% cet été-là) ! Une mortalité banalement liée aux "coups de chaleur", "avec une décompensation cardiovasculaire". Et qui reflète bien mal ce qui est en train de s'installer comme un problème tristement durable, tout au long des prochaines décennies.

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