2022 M05 4
La nature est bien faite. Elle a créé des sols d’immenses puits à carbone capables d’absorber, via les plantes et les arbres, le CO2 qui traîne dans l’air. Malheureusement, ces réserves sont « déstockées » par l’agriculture intensive, l’extraction de minerais et de combustibles fossiles (pétroles, gaz, charbon, etc.), l’urbanisation et l’érosion causés par les intempéries. L’heure est donc venue d’aider les sols à retrouver leur rôle de « prison à CO2 ». Et c’est là qu’intervient le « carbon farming ».
[#Agriculture] 👨🌾 Si 20% d’agriculteurs supplémentaires adoptaient des pratiques agricoles intelligentes face au climat, l'UE pourrait réduire ses émissions GES agricoles de 6 % d'ici 2030
— Bayer France (@Bayer_FR) April 6, 2022
Nouveau rapport de l'EU Carbon+Farming Coalition @wef#Carbonehttps://t.co/Wu5Ob6birZ pic.twitter.com/Ywt2lZEoY0
Soigner les sols pour retenir + de carbone
On englobe dans le « carbon farming » toutes les méthodes d’agroécologie permettant d’augmenter la capacité de stockage de CO2 des sols. Elles sont principalement au nombre de 3 :
1/ Arrêter les engrais chimiques et le labourage systématique, car ils perturbent les agrégats minéraux, les micro-organismes et les vers de terre qui permettent le stockage du carbone.
2/ Éviter de laisser un sol nu en plantant, entre les cultures principales, des cultures intermédiaires qui ne seront ni récoltées ni consommées.
3/ Mettre en place une rotation des cultures en laissant, de temps à autre, le champ reposer pendant plusieurs années.
S’ajoutent aussi la restauration des surfaces agricoles et des terres dégradées, ainsi que la plantation de haies d’arbres. Nous n’avons peut-être pas encore conscience, mais les sols sont une ressource limitée. Les bonnes pratiques agricoles en feront une ressource durable. De plus, plus un sol est riche est carbone, plus il est fertile !
Collaboration between the EU and farmers is key when it comes to effective, climate-smart decision making.
— World Economic Forum (@wef) April 4, 2022
Read this report to find out how the EU Carbon+ Farming Coalition is working to transform food systems: https://t.co/3coBv2dpPj pic.twitter.com/0Qr0wT9JJV
Nom de code du projet : 4 pour 100
Lancé par la France au moment de la Cop 21 de 2015, le programme « 4 pour 1000 » vise à mobiliser, à travers le monde, l’ensemble des acteurs – États, collectivités, agriculteurs, entreprises privées, ONG, associations, etc – pour améliorer la séquestration de carbone dans les sols. On estime qu’il faudrait une augmentation annuelle de la quantité de carbone dans les sols d’à peine 0,4% (ou « 4 pour 1000 ») pour compenser l’augmentation de CO2 dans l’air. Ce taux n’est pas une pas « une cible normative pour chaque pays », plutôt « une orientation à suivre », rappelle l’initiative dans sa présentation.
À ce jour, « 4 pour 1000 » compte près de 700 partenaires. Le programme veut faire de « la santé des sols » l’enjeu majeur de la prochaine Cop27 qui se tiendra à Sharm El-Cheikh, en novembre prochain. De son côté, la Commission européenne travaille actuellement sur les modalités et les moyens pour développer massivement le carbon farming.
Accompagnement indispensable
S’il aidera sans aucun doute dans la lutte contre le réchauffement climatique, le « carbon farming » n’est pas la solution miracle, rappelle dans Les Echos Pierre-Marie Aubert, coordinateur de l’initiative Politiques publiques pour l’agriculture européenne à l’Institut du développement durable et des relations internationales : « Un sol a une capacité maximum de stockage de carbone. Une fois que celle-ci est atteinte et que les sols sont saturés en carbone, il n’y aura plus d’option pour compenser les émissions si elles n’ont pas été réduites d’ici là ».
L’application de ces méthodes représente un coût pour les agriculteurs. Ils ne tireront aucun bénéfice des semences achetées pour les cultures intermédiaires. De plus, laisser un champ en friche pendant plusieurs année représente un manque à gagner considérable. Le carbon farming nécessite donc un fort accompagnement de la part des gouvernements d’un pays à l’autre.
La préfecture de Yamanashi, au Japon, montre déjà l’exemple avec ses vignes et ses plantations de pêchers : la carbonisation des branches taillées des arbres fruitiers, la plantation d'herbe provenant de la couverture végétale indigène et l’utilisation d’engrais organiques ont permis d’augmenter le stockage du carbone dans le sol de… 4 pour 1000. Arigato gozaimasu !!