

L’hortithérapie, ou quand jardiner soulage
C’est bien connu, Dame Nature est pleine de ressources. Elle nous nourrit, nous abrite… Avec l’hortithérapie, le jardinage est même un outil thérapeutique. Laure Bentze, cofondatrice de Terr’Happy nous en dit plus sur cette pratique non médicamenteuse qui peine à prendre racine en France.
2021 M10 6
L'hortithérapie : 220 ans d'expérience
S’il y a bien une chose que la pandémie Covid a appris aux français (surtout aux citadins), c’est que c’est très (très) cool d’avoir un jardin. La science est d’ailleurs formelle : la nature a des effets bénéfiques sur notre bien-être physique et mental. Selon une étude réalisée en 2019 par des chercheurs de l'université britannique d’Exeter, passer au moins deux heures par semaine au contact de la nature permettrait de mieux vivre… Et ça n’est pas le psychiatre américain Benjamin Rush qui vous dirait le contraire. En 1798, ce dernier constatait déjà l’effet curatif des jardins sur la santé mentale. Il inventera dans la foulée une nouvelle forme d’accompagnement thérapeutique non médicamenteux : l’hortithérapie.

Des jardins pensés pour y cultiver sa santé
Laure Bentze est l'une des deux fondatrices de Terr’Happy, entreprise à vocation sociale qui crée des jardins thérapeutiques et anime des ateliers dans divers centre sociaux et médico-sociaux d’Ile-de-France. Laure travaille beaucoup avec des personnes âgées, malades ou socialement isolées et constate au quotidien les bienfaits de cette technique. Mais qu’ont-ils de particulier, ces jardins thérapeutiques ? « Ils s’adaptent à leur public ». Par exemple dans un EPHAD, les plantations seront surélevées pour permettre aux personnes âgées de voir, toucher et sentir les plantes…
Mais ne vous y trompez pas, l’hortithérapie va plus loin qu’une simple séance de jardinage ! Ecologue de formation, Laure Bentze s’est également formée à la relation d’aide pour offrir une écoute active aux personnes avec qui elle travaille.
« Pendant les ateliers de jardinage thérapeutique on fait aussi de la relaxation, des exercices de connexion sensorielle, de la méditation… On prend le temps. »
La France reconnaît les bienfaits, mais pas la pratique…
Le public ciblé par l’hortithérapie est vaste. Au CHU de Nice, un jardin thérapeutique a été construit en 2012 pour les patients du service de psychiatrie. A celui de Nancy, c’est aux malades d’Alzheimer qu’on propose des ateliers d’hortithérapie… La pratique est d’ailleurs soutenue par la Fondation Médéric Alzheimer. Laure Bentze, quant à elle, se souvient d’une saison passée avec un groupe de personnes suivant une chimiothérapie. « Ces patients ont connu pendant des mois des environnements aseptisés et dans un jardin thérapeutique, rien n’est aseptisé justement. On se prend la nature de plein fouet : le soleil, les plantes, le chant des oiseaux… », raconte-t-elle.

Pourtant, et malgré les études scientifiques et la multiplication des projets en France, la Haute Autorité de Santé ne reconnaît toujours pas la pratique. Dans d’autres pays, comme les États-Unis, le Japon ou la Suisse, l’hortithérapie est certifiée depuis longtemps.
Petit à petit, les choses avancent grâce aux acteurs et défenseurs de cette pratique… La Fédération Française Jardins Nature & Santé ou encore l’Association pour le Développement de l’HortiThérapie militent pour la cause, et la cause est double ! Si les jardins thérapeutiques servent aux personnes vulnérables, leur implantation dans des zones urbaines permet également de lutter contre le réchauffement climatique. Ou comment faire d'une pierre deux coups.