2021 M10 4
Ce n’est pas un effet de mode. C’est une lame de fond. Alors que 60 % des ménages possèdent un jardin, 17 millions de français sont adeptes du jardinage et pour les deux-tiers d’entre eux, c’est même devenu leur loisir préféré. Sauf qu'entre les pucerons qui squattent les rosiers, le mildiou qui attaque les tomates et les limaces qui festoient dans les salades, certains se découragent parfois.
Rien ne sert de partir au combat contre Dame Nature : elle sera toujours la plus forte. Le mieux est de s’en faire une alliée. Alors que les pesticides chimiques sont interdits à la vente depuis deux ans dans l’hexagone, il n’y a plus d’autre solution que de se mettre à jardiner au naturel. Et c’est beaucoup plus simple qu'on ne le croit. L’ADEME, l'Agence de la transition écologique, vient de publier un guide pour vous aider à jardiner « écolo », qui regorge de bons conseils.
Bien connaître son sol
Le sol est la pièce maîtresse de votre jardin. Il est essentiel de bien le connaître et d'en prendre soin. Votre terrain est-il acide, calcaire ou neutre ? Avant toute plantation, vous pouvez vérifier la nature de votre sol grâce à des tests pH ou des kits d'analyse agronomique, disponibles en jardinerie. Vous saurez alors si votre terre est riche en micro-organismes, et donc plutôt fertile, ou argileuse et donc plus difficile à travailler... mais résiliente à la sécheresse !
Pour laisser pénétrer l’eau dans le sol afin d’en préserver la qualité et limiter le risque d’inondation, vous devez penser à limiter au maximum les ouvrages maçonnés dans votre jardin et privilégier les allées en graviers ou pavés filtrants et les terrasses en bois à celles en béton.
Enfin arrêtez de faire la chasse aux petites bébêtes ! N’oubliez pas que si votre sol est fertile, c’est parce qu’il est habité par des vers de terre, insectes, bactéries et autres champignons qui se goinfrent des végétaux qui se déposent à sa surface. Ils fournissent ainsi les nutriments indispensables à la croissance des végétaux tout en favorisant l'aération du sol. C’est grâce à leur activité qu'un sol est fertile.
Penser avant de planter
Comme pour les sportifs qui visent l’Olympe, le secret de la réussite réside dans la préparation. Pour décrocher la médaille d’or du plus beau jardin, vous devez en effet faire les meilleurs choix dès sa conception.
Avant de planter, vérifiez si les végétaux que vous avez choisis sont vraiment adaptés aux conditions locales (sol, climat, exposition…) : ce genre d’informations se trouve tout simplement en lisant les étiquettes en jardinerie. Privilégiez aussi les végétaux moins gourmands en eau pour anticiper les restrictions en cas de sécheresses, qui risquent d'être de plus en plus fréquentes avec le changement climatique.
Pour limiter l’emprise des nuisibles, diversifiez vos plantations. Car les végétaux se rendent service entre eux. La lavande, le thym ou encore la sauge protègent par exemple leurs voisins des insectes ravageurs. Et optez pour des plantes à croissance lente qui nécessitent moins d’entretien et génèrent moins de déchets verts.
Apprendre à arroser
Faut-il encore le rappeler ? Non seulement l’eau est précieuse mais elle est aussi onéreuse. Si c’est possible, profitez de l’eau de pluie en vous équipant d’un collecteur branché sur la gouttière. Arrosez sans excès, aux heures les moins chaudes, tôt le matin ou le soir. Visez les pieds et non pas les feuilles, sous peine de les voir brûler au soleil ou encore de favoriser les champignons et bactéries. Et pensez aussi à biner la terre deux fois par an et à pailler le contour des pieds avec de l’herbe coupée car cela permet de retenir l’eau et ainsi freiner l’évaporation.
« En taillant les haies et les arbustes pour laisser l’air circuler, vous rendrez vos plantes plus fortes et résistantes. »
Finis les pesticides, vive le système D
La règle d'or pour ne pas être envahi par les mauvaises herbes, qui sont les pires ennemies du jardinier, c’est de ne pas laisser son sol à nu. Vous pouvez le pailler ou utiliser du film géotextile qui laisse passer l’eau. Pour flinguer une mauvaise herbe qui sort entre les dalles de votre terrasse ou le long des murs, aspergez-là d’eau bouillante de cuisson.
Contre les maladies, mieux vaut prévenir que guérir ! En taillant les haies et les arbustes pour laisser l’air circuler, vous rendrez vos plantes plus fortes et résistantes. Autre astuce : varier les plantes cultivées d’une année sur l’autre pour rompre le cycle des parasites. Enfin contre les ravageurs, la meilleure solution consiste à leur barrer la route en disposant de la sciure ou des cendres (pour les limaces et escargots) et en installant des colliers arboricoles pour les fourmis ou des filets anti-oiseaux…
L'or brut des déchets verts
Pour ceux qui l’ignorent encore, brûler des déchets verts, comme des feuilles mortes ou des branchages, est interdit par la loi et passible d'amende. Cela dégage des substances toxiques. 50kg de végétaux brûlés à l'air libre émettent autant de particules fines que 14000km parcourus en voiture à essence. Heureusement, vous pouvez en tirer profit via le compostage ou le paillage ! On vous l’a dit plus haut, le paillage que vous réalisez avec l’herbe tondue va vous permettre d’arroser moins et de barrer la route aux mauvaises herbes.
Pour le reste, vous pouvez tout composter. Il vous suffit juste de déposer vos déchets de jardin, soit dans un bac prévu à cet effet soit en tas. Ajoutez-y aussi ceux de la cuisine (épluchures et fanes, marc de café, pain, croûtes de fromages, fruits et légumes abîmés…). Pour qu’il soit le plus riche possible, il faut mélanger ce compost régulièrement avec une fourche ou un râteau. Une fois le compost mûr, au bout de quelques mois, il vous suffit alors de l’épandre en couches minces puis de l’incorporer superficiellement au sol par binage. Mélangé à la terre, il va alors favoriser la croissance des plantes en leur apportant des nutriments et en laissant plus facilement s'infiltrer l'air et l'eau.