2020 M10 21
Si, en février dernier, l’Observatoire des villes vertes a couronné une nouvelle fois Angers en dévoilant son troisième palmarès des villes les plus vertes de France, c’est loin d’être la seule distinction à caractère environnemental que la capitale des Ducs d'Anjou reçoit ces dernières années. Traditionnellement, la cité angevine a même toujours tiré vers le vert. Végépolys n'est-il pas considéré depuis plusieurs années comme « le premier pôle de compétitivité horticole européen », et la ville n'abrite-t-elle pas le siège de l'Office communautaire des variétés végétales ?
Les polémiques liées aux dépenses excessives et à la faible fréquentation du parc à thème Terra Botanica au moment de sa sortie de terre semblent être de l’histoire ancienne. Aujourd’hui, le "label vert" est devenu à la fois la locomotive et la vitrine d’une cité tout entière tournée vers la végétalisation. Mais quel est donc le secret d’Angers ?
Première traversée avec @CorinneBouchoux du Pont de Segré qui relie le cœur d’Angers à Montreuil-Juigné !
— Christophe Bechu (@ChristopheBechu) October 16, 2020
Cet itinéraire cyclable symbolise notre engagement à poursuivre l’aménagement des boucles vertes et met en valeur le patrimoine naturel d’@AngersAgglo. pic.twitter.com/R5hHZ3tLhi
100 m2 d’espaces verts par habitant
« Historiquement, Angers est une ville extrêmement verte, mais les critères de notre palmarès mettent aussi forcément en lumière les volontés politiques fortes. Christophe Bechu, maire (ex-LR) depuis 2014, est par exemple également président de Plante & Cité, précise-t-on à l’Observatoire des villes vertes. De quoi s'assurer une place de premier de la classe.
Et les bonnes actions suivent : la ville s’était par exemple lancée dans un plan "zéro pesticides" dès 2004, un objectif atteint moins de dix ans plus tard. La démarche consistait simplement à « réduire l’usage des pesticides d’origine chimique dans la gestion de l’entretien des espaces végétalisés et de voirie », explique la mairie.
Evidemment, l’Observatoire des villes vertes, constitué de l’Unep (entreprises du paysage) et Hortis (organisation rassemblant les responsables d’espaces nature en ville), offrent une « photographie à l’instant T ». Tout peut changer d’une année à l’autre. Mais Angers semble donner tous les gages d’une végétalisation publique satisfaisante et durable. En février, la ville arrivait première dans le domaine du patrimoine vert et atteignait le top 5 des meilleures métropoles dans toutes les autres catégories : investissement, biodiversité, promotion, entretien et dynamisme. « Angers est régulièrement plébiscitée pour sa remarquable qualité de vie », résumait le rapport.
Avec ses 100 m2 d’espaces verts par habitant, pour une moyenne nationale de 48 m2, c’est même la championne de France du domaine.
« Notre objectif est vertueux, nous ne sommes pas là pour taper sur les mauvais élèves. »
Plutôt Fondcombe que Gotham City
Des données qui ne laissent pas indifférents les habitants (ou ceux qui aspirent à le devenir) : selon un sondage réalisé par l’Unep et l’Ifop en 2016, 1 Français sur 2 pensait que la ville du futur serait « végétale » et « écologique ». Pour 6 Français sur 10, créer de nouveaux espaces verts devait même être la priorité numéro 1 des municipalités. Plus proche de nos époques troublées par le Covid, 7 Français sur 10 ont déclaré en juin 2020 que les espaces verts publics leur avaient manqué durant le confinement.
« L’opinion publique ne cesse d’évoluer dans ce sens », précise-t-on à l’Observatoire. Un signe : post-confinement, Parisiens et Nantais ont à nouveau massivement investi dans l’immobilier dans les Pays de la Loire, d’après Ouest-France. Et c’est évidemment le Maine-et-Loire et sa préfecture chérie « qui ont enregistré la plus forte évolution ».
En 2016, l’Unep s’était même amusée à interroger les Français sur leurs villes de science-fiction ou d’heroic-fantasy préférées. Parmi les villes imaginaires potentiellement agréables à vivre, les sondés avaient plutôt loué Fondcombe, verdoyante capitale des elfes dans Le Seigneur des Anneaux, que la Gotham City grise et froide de Batman. Du coup, si Angers figure Fondcombe, quelle ville hexagonale est Gotham ? On frémit…
« Notre objectif est vertueux, nous ne sommes pas là pour taper sur les mauvais élèves », nous rassure-t-on à l’Observatoire des villes vertes, qui, en effet, n’établit (tous les trois ans) que la liste des cités les plus studieuses. Et ce, bien que l’initiative soit née juste avant les municipales de 2014, devant « la faiblesse de la prise en compte du végétal par les candidats en lice ». Il fallait surtout montrer que des initiatives existaient, « que c’était possible ».
Assises de la transition écologique
Projets innovants, amélioration du cadre de vie et de l’attractivité, lutte contre la pollution, sont autant de critères qui pèsent désormais lourd dans la balance au moment de choisir une ville où s'installer. Le climat, les opportunités professionnelles et les transports en commun ne suffisent plus. Pointant l’exemple de la réhabilitation des jardins de la Brèche à Niort, et de la promenade du Paillon à Nice (la coulée verte), l’Observatoire note : « Les requalifications de zones végétales ont un effet positif sur l’économie de la ville. On entend encore que ça pèse sur les finances publiques, mais elles devraient être au contraire considérées comme des investissements. »
Angers, elle, est déjà loin. La ville, qui accueillera dès ce vendredi 23 octobre (pour six mois) les Assises de la transition écologique, multiplie les actions. Visites, ateliers, animations, conférences, permettront de « découvrir la biodiversité locale, de comprendre les enjeux climatiques et environnementaux, d’apprendre à diminuer nos déchets... » Jusqu'au 15 novembre, une exposition, intitulée Parcs et jardins en gestion écologique, se penche d'ailleurs précisément sur les pratiques liées à la gestion écologique de la nature en ville.
Pour couronner le tout, le jury du Conseil National des Villes et Villages Fleuris (CNVVF) a récemment attribué le très prisé label 4 Fleurs à la ville. « En matière d’écologie urbaine et de gestion de l’espace public, Angers reste une référence », a écrit le conseil, réputé sévère. N’en jetez plus.