2020 M08 31
Presque 200 000 personnes sont à la rue en France, selon les derniers chiffres. Alors que le Samu social vient en aide et héberge plus de 22 000 personnes à Paris, 15 000 en banlieue parisienne, il est d’actualité de tous s’engager, à notre niveau, pour aider les plus démunis. L’année 2020 est celle de la solidarité. Pour aider les hommes, les femmes et les enfants à la rue, les initiatives sont de plus en plus visibles, elles. De quoi donner de l’espoir à l’entraide entre humains et à la solidarité collective. Et même pour certains mouvements, d’aller plus loin.
Une semaine dans la rue. Tout débute avec une histoire, celle de Martin Besson. Alors renvoyé de son lycée, il se lie d’amitié avec des personnes à la rue. Nous sommes en 2013 et pour lui, l’année de ses 18 ans manque de sens, alors il prend les choses en main. Ou plutôt il donne du sens à sa vie. Martin décide de créer une plateforme, après une immersion dans le quotidien des sans-toit et le choc de voir à quel point l’invisibilité sociale et le manque d’attention touchaient les sans-abris. Sans A_ est né, avec pour intention, créer du lien et provoquer l’échange entre les personnes.
Aujourd’hui, il raconte l’histoire de celles et ceux que l’on oublie, au détour d’une rue. Il réalise leurs rêves aussi, avec des collectes d’argent, une agence qui œuvre pour les invisibles. Accompagné d’une équipe, Sans A_ a créé un modèle circulaire où l’individu est au centre de toutes les démarches. Autrement dit, Martin et ses acolytes aident ces Autres au quotidien et nous poussent à regarder celles et ceux que l’on oublie, tout en agissant pour leur bien.
Crédit photo : © Corentin Fohlen
Se connecter entre humains. On peut toutes et tous finir à la rue. Depuis plus de 6 ans, « Sans A » montre à quel point l’homme peut devenir invisible aux yeux de la société, en un claquement de doigts. Et pourtant, un geste et une aide peuvent être décisifs dans la vie des plus fragiles. L’action citoyenne connaît un rebond. La cause ? Les chiffres alarmants donnés par les Mairies en France lors de la nuit de la Solidarité, en février dernier. Les sans domicile fixe sont de plus en plus nombreux, 3641 à Paris. Ils ont entre 25 et 54 ans et sont à 12% des femmes. Avec la crise sanitaire, ce sont les premières victimes et les plus fragilisés.
Même si le travail associatif est fort, notamment dans les grandes villes, le lien social et le soutien humain sont fondamentaux pour aider les sans-abris à ne pas sombrer. Pour se faire, Sans A_ a mis en place, à chaque portrait écrit sur un homme ou une femme à la rue sur leur plateforme, la possibilité de leur écrire un message. Par exemple, Frédo, rendu visible alors qu’il est "un "SDF un peu bohème… [qui] s’accroche à cette attitude", peut être contacté via le site. En un clic, on crée du lien. Une connexion. Il fallait y penser.
Crédit photo : © Corentin Fohlen
Changer leurs destins. L’objectif de « Sans A » est de former une communauté de plus en plus grande pour qu’un réseau de proximité s’installe. Avec des solutions concrètes, à l’échelle de chacun, en nouant des liens avec les personnes sans-abris, en leur écrivant mais aussi en portant leur voix, leur histoire, la plateforme prouve à quel point nous pouvons tous être acteurs d’une société basée sur l’entraide. Comme nous l’explique Marie, lectrice et membre de la communauté Sans A_, « On n’a parfois pas le temps et on a souvent peur d’aller vers les SDF. Pourtant, rien qu’un bonjour peut égayer leur journée et leur faire comprendre qu’on les voit ». Alors imaginez que vous leur parliez, les écoutiez et contribuez à ce qu'ils se sentent exister… Sans A_, certes, mais peut-être avec vous.
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