2022 M03 29
Survoler la Garonne à 80 mètres au-dessus du sol pour le prix d’un ticket de métro sera chose possible dans quelques semaines à Toulouse. Repousser à plusieurs reprises pour cause de crise du Covid, Téléo le plus long téléphérique urbain de France (3 km), va entrer en service au début du mois de mai. Ses 14 télécabines, d’une capacité de 34 voyageurs chacune, vont bientôt survoler le sud de l’agglomération. Le tracé choisi par l’opérateur de la ville rose est stratégique puisqu’il relie l’IUCT Oncopole (l’Institut Universitaire du Cancer construit sur l’ancien site de l’usine AZF – 10.000 salariés) à une université (Paul Sabatier – 30.000 étudiants) en passant par un hôpital (le CHU de Rangueil – 200.000 consultations/an). Le tout en moins de 10 minutes chrono contre plus de 30 en voiture actuellement.
Une topographie stratégique
La topographie du lieu n’est pas anodine puisque l’Oncopole se situe dans la plaine, proche de la Garonne, et Rangueil au sommet de la colline de Pech David, point culminant à 130 mètres au-dessus de la ville. Un parking relais est prévu près de l’Oncopole, avec également la possibilité d’embarquer des vélos dans les télécabines. Propulsé par un moteur électrique, Téléo devrait pouvoir transporter jusqu’à 8 000 voyageurs par jour et sera 30 fois moins polluant que la voiture. Toulouse suit ainsi le mouvement lancé en France par Brest en 2016, mais aussi programmé à Grenoble ou sur le Grand Paris, où un projet à 125 millions d'euros devrait relier en 2025 Créteil à Villeneuve-Saint-Georges, le long de cinq stations et 17 minutes de trajet.
Le téléphérique, un plus pour la planète !
Aujourd’hui, malgré quelques réticences, comme à Lyon où le projet entre Francheville et l'ouest de la ville est à l’arrêt, les collectivités locales réfléchissent de plus en plus à cette solution en tant que transport urbain. Brest, Toulouse, La Réunion ou Grenoble, l’Île-de-France et Ajaccio ont leur téléphérique ou sont en train de finaliser leur projet. Ainsi, Jean Souchal, président du directoire de Poma, leader du transport par câble, affirme :
« On peut dire que la France est devenue l’un des pays leader dans cette voie en Europe. »
Pourquoi cette dynamique française ? Parce que jusqu’en 2016 une loi interdisait de survoler les habitations, l’expropriation était alors la seule solution. Ce verrou est désormais levé et les projets se multiplient comme des petits pains. Les avantages du téléphérique : il pollue 30 fois moins que la voiture, peut être alimenté par des panneaux solaire, il est aussi très silencieux et peux permettre de désenclaver des quartiers entiers. Il permet aussi d’éviter les bouchons et son emprise au sol est fortement réduite. Que des bonnes choses pour la planète !
Une valeur ajoutée nécessaire
Mais pour les spécialistes du transport public, le téléphérique doit avoir sa pertinence. Il doit être un maillon supplémentaire dans un réseau existant, en devenir voire le remplacer. À Toulouse ainsi, aucun tramway n’aurait pu monter la colline de Pech David. D’ailleurs, alors que Téléo passera sans encombre au-dessus de la Garonne, en Île-de-France le projet Câble A va survoler des voies de chemin de fer, des sites industriels ou encore une autoroute sans problème. Enfin, et ce n’est pas négligeable : un téléphérique coûte en général bien moins cher que la construction d’une infrastructure de tramway ou de métro.
Et pour aller plus loin dans l’innovation, Toulouse va profiter du lancement de Téléo pour tester l’utilisation de navettes autonomes sans chauffeur pour accéder à la station Oncopole. Les passagers pourront ainsi parcourir 600 mètres entre le parking et l’entrée de la station, avec le passage d’un rond-point où la navette croisera des voitures ordinaires.