2022 M04 20
En France, la légalisation du cannabis est un vieux serpent de mer qui revient souvent dans le débat public lors des périodes électorales. Et la récente présidentielle n’a pas échappé à cette règle. Chez nous, ce sont principalement les écologistes qui revendiquent la légalisation du cannabis. La proposition figurait d’ailleurs dans le programme de Yannick Jadot. Et pourtant, la production de la marijuana n’est pas sans conséquences sur l’environnement. Bien au contraire !
Dans le monde, quelques pays ont pris le pari de légaliser le cannabis, comme l’Uruguay, l’Afrique du Sud et les États-Unis. Ce qui nous permet d’avoir quelques données sur l’impact de “l’herbe” sur l’environnement. Et d’après une étude sérieuse publiée dans Nature Sustainability en mars 2021, l’empreinte carbone d’un kilo de cannabis oscille entre 2,3 et 5,2 kg d’équivalent CO2.
Pour donner une équivalence, à 2 kg, on possède la même empreinte carbone que la production d’arachides et à 5 kg, on a une empreinte carbone similaire à celle des poissons d’élevage. Rapporté à une énergie brute, on peut estimer qu’un kilo de cannabis consomme entre 25 et 60 litres d’essence. Or, d’après les Nations Unies, on produirait environ 500 000 tonnes de cannabis chaque année dans le monde.
Un mode de culture très énergivore
Si la culture du cannabis est très énergivore, c’est parce qu’elle est principalement effectuée en intérieur, avec un besoin en électricité très important : éclairage à haute intensité, humidificateurs et déshumidificateurs, systèmes de ventilation, chauffages, systèmes d’irrigation, air conditionné, systèmes de contrôle de la température, etc. Si on met de côté les productions amateures, l’herbe est une industrie extrêmement sophistiquée et requiert beaucoup de matériel. Donc beaucoup d’électricité.
Dans le cas des cultures illégales, il faut même des générateurs supplémentaires, qui sont souvent des générateurs à essence ou diesel, afin que la facture d’électricité reste normale et n’alerte pas les autorités. Et dans ces cas-là, l’empreinte carbone du kilo de cannabis est encore plus forte.
Aux Etats-Unis, c’est 40% de la production qui se fait aujourd’hui dans des environnements intérieurs. Ainsi, faire pousser 4 plants de cannabis en intérieur entraînerait une consommation électrique équivalente à celle de 29 frigos. Dans le Colorado, premier État américain à avoir légalisé le cannabis, la culture de la plante aurait provoqué une hausse de 1% à 4% de la consommation générale d'électricité entre 2013 et 2018. Dans cet État, la culture du cannabis serait aujourd’hui plus polluante que l’exploitation du charbon. Rien de très vert, donc, à cette herbe qui a pourtant toujours été assimilée à la nature et à l’écologie.
Quelles solutions pour rendre le cannabis plus écolo ?
Évidemment, il existe des solutions pour permettre une culture plus écologique de la Marie-Jeanne. Pour réduire la consommation d’électricité, la légalisation en fait partie puisqu’elle permet de contrôler la production et d’éviter, par exemple, le recours aux générateurs diesel.
Le mode de production de l’électricité est aussi un biais. Dans les pays où l’électricité est produite par du charbon, le cannabis est beaucoup plus polluant que si l’électricité était renouvelable.
Enfin, le fait de produire en extérieur change aussi beaucoup de choses. D’après les scientifiques américains, la production de cannabis sous serre réduit son empreinte carbone de 46% là où une production en extérieur la réduit de 96%. Mais pour cela, il faut un climat adapté et des cultures protégées.
En France, par exemple, il y a des tests qui sont effectués pour des cultures de cannabis thérapeutique et c’est la région de Perpignan qui a été choisie car le climat y est plus favorable. Cependant, à grande échelle, difficile de trouver une réelle souveraineté dans la production outdoor, qui est aussi plus exposée aux aléas climatiques.