2022 M06 22
La fast-fashion possède un bilan désastreux sur le plan environnemental : 2ème industrie la plus polluante au monde après cette du pétrole, les 126 milliards de pièces de prêt-à-porter qui sont produites chaque année dans le monde consomment des quantités d’eau astronomiques, participent à l’agriculture intensive et l’usage de pesticides dans les champs de coton, favorisent la production de plastique et entraînent des émissions de gaz à effet de serre gigantesques à cause du transport, puisque la majorité de nos vêtements sont fabriqués en Asie.
Face à une prise de conscience collective des enjeux environnementaux, nous sommes alors de plus en plus nombreux à nous tourner vers l’univers de la seconde main, portés par l’essor de marques comme Vinted, Vestiaire Collective ou encore Leboncoin. Un chiffre pour illustrer le boom du marché du vêtement d’occasion ? Le nombre de personnes à avoir revendu une fringue pour la 1ère fois est passé de 16 millions de personnes en 2020 à 90 millions en 2021.
À cette vitesse, certains experts estiment que le marché de la seconde main sera plus important que le marché de première main dans les 10 ans qui viennent… et c’est bien là le problème !
La seconde main : une pratique pas si vertueuse ?
Sur le papier, le fait d’acheter des vêtements de seconde main plutôt que d’acheter du neuf est évidemment une bonne pratique. Chaque année, plus de 600 000 tonnes de vêtements sont jetées alors que certains pourraient être réutilisés. Cela évite la production de nouvelles pièces et donc la pollution qui y est associée.
Oui mais voilà : le boom de la revente entre particuliers entraîne ce qu’on appelle un “effet rebond” puisqu’elle multiplie en parallèle les trajets qui sont effectués par les livreurs, au contraire des enseignes de prêt-à-porter qui savent mutualiser leur logistique.
Prenez Vinted, par exemple : avec 2,2 transactions réalisées chaque seconde en France en 2019 sur l’application, vous avez un bon aperçu du nombre de livraisons à effectuer derrière. En France, le e-commerce représente 500 millions de livraisons chaque année. Et autant d’emballages qui sont mis dans la nature.
De quoi mettre en doute le fait que l’allongement de la durée de vie des vêtements soit suffisant pour considérer que consommer de seconde main est plus écologique ? La question se pose. Mais ce n’est pas tout.
Vendre ses vêtements, une occasion de racheter du neuf ?
Par ailleurs, il existe un deuxième effet rebond au marché de la seconde main, lié à la question du pouvoir d’achat. C’est une étude réalisée par le très sérieux Boston Consulting Group : près 70 % des utilisateurs des plateformes de seconde main revendraient leurs vêtements pour gagner des sous et pouvoir acheter plus de neuf. Il y a aussi beaucoup d’acheteur.euse.s de vêtements de première main qui sont aujourd’hui décomplexé.e.s par l’idée de pouvoir revendre plus tard, ce qui tend à augmenter les achats compulsifs et inutiles.
Last but not least, ces plateformes viennent aussi faire une concurrence directe aux friperies, à Emmaüs ou aux ressourceries qui, de leur côté, ont un modèle social très important puisqu'elles font souvent travailler des personnes en réinsertion. Pour celles et ceux qui souhaitent d’ailleurs s’orienter vers une seconde main véritablement éthique, c’est plutôt par là qu’il faut se tourner.