

Paris accueillera bientôt son premier hôpital dédié... aux hérissons
Plus qu’un refuge, ce lieu tenu par des vétérinaires et experts prodiguera des soins précieux à ces animaux menacés par le réchauffement climatique et l'activité humaine. Si l'on ne fait rien, ils auront disparu dans une vingtaine d'années.
2022 M04 11
Le carnage recommence à chaque printemps, quand les jardiniers en herbe tondent leur haute pelouse et brûlent les feuilles entassées sans vérifier auparavant si des petites bêtes ne s’y cachent pas. Et c’est ainsi que périssent des centaines de hérissons. Mais c’est sans doute le trafic routier qui fait le plus de victimes. Au point qu’on estime qu’entre 1 et 2 millions de hérissons sont tués chaque année en France.
Pourtant, tous ne meurent pas et les animaux blessés sont fréquents. Une maigre consolation puisque les lieux pouvant les soigner sont rares. Ils errent alors quelques temps avant de périr de leurs blessures.
C'est ce triste constat qui a amené la ville de Paris à soutenir le projet défendu par l’association Erinaceus France de créer le premier hôpital pour hérissons.
A la pointe du soin
Fondée par des passionné.e.s, l’association regroupe des vétérinaires mais aussi des agriculteur.ice.s et professeur.e.s bien décidés à empêcher la disparition de l’Erinaceus europaeus : le hérisson d’Europe, encore présent dans le bois de Boulogne et dans quelques parcs de la capitale.
Après avoir postulé à l’appel à projet du plan Biodiversité 2018-2024, qui vise à protéger le développement de la faune et la flore au sein de la ville de Paris, ces bénévoles se sont vus confier un local désaffecté dans le XIIème arrondissement. Idéalement situé dans le bois de Vincennes, ce véritable centre de soin ouvrira au printemps.
Nous travaillons activement à la création du premier centre de soins pour hérissons en Île de France, en lien avec l'association @ErinaceusFrance et la @prefpolice.
— Christophe Najdovski 🇺🇦 (@C_Najdovski) February 15, 2022
Ce lieu permettra de récupérer des hérissons blessés, les soigner et les relâcher dans la nature. #faunesauvage https://t.co/6pRWvQ24rt
Il bénéficiera de « matériel très sophistiqué » selon le responsable Manuel de Aguirre qui permettra autant de traiter les bobos que de pratiquer des accouchements et même d'opérer les urgences vitales. Une trentaine de patients à piquants pourront y être accueillis en même temps, et seront traités gratuitement. Une aubaine car les établissements habilités à soigner cet animal classé "espèce en voie de disparition" sont très rares.
Piqûres pour les piquants
En France, des associations conseillent et agissent pour la sauvegarde des hérissons d’Europe, mais le statut d'espèce protégé fait qu’il est interdit de traiter ces animaux pour les particuliers. Il faut donc se tourner vers des centres régionaux autorisés, dont le Sanctuaire des Hérissons dans les Hauts de France ou le centre LPO en région Aquitaine, les P’tits Kipik en Ile-de-France, ou les rares écoles de vétérinaires.
En plus de prodiguer des soins, l’hôpital pour hérissons d’Erinaceus France aura une sacrée mission : prévenir la disparition de cette espèce. Bien qu’il soit presque impossible de recenser le nombre de hérissons d’Europe vivants, la dernière mission de comptage a estimé que 75% d’entre eux avaient disparu au cours des 20 dernières années. Les spécialistes craignent que l’espèce se soit éteinte avant 2050. A moins d’agir ?
Comment sauver les hérissons ?
En 2012, une étude est arrivée à la conclusion que le hérisson d’Europe était affecté par le dérèglement climatique. Ce réchauffement modifie sa « saison des amours » et les périodes auxquelles il hiberne. Hélas, inadapté à une vie hivernale, le hérisson ne trouve alors plus de quoi se nourrir et ses bébés (appelés choupissons) ne survivent pas.
Les pesticides aussi ont un effet néfaste sur leur population, en empoisonnant leur nourriture. Ce qui les rend malades. Les vétérinaires d’Erinaceus qui les recueillent trouvent de plus en plus d'animaux « déshydratés, anémiés [et au] système immunitaire fragilisé ». Une enquête d’écoles de vétérinaires avec l’association CHENE a ainsi constaté en 2021 « une augmentation significative des admissions de hérissons » en centre de soin sur les 5 dernières années et un mortalité accrue. Cumulant fatigue, malnutrition et maladie, ils décèdent souvent en moins de 48 heures : ils ont comptabilisé 640 décès en 2024 sur leur seul centre, contre 440 en 2020…

A moins d’interdire les phytosanitaires et inverser rapidement le réchauffement climatique, ce que vous pouvez faire de mieux, c'est encore de soutenir l’association pour lancer cet hôpital. Une collecte de dons a été ouverte car, si leur projet a reçu une subvention de 15 000 €, la rénovation du lieu nécessite encore de nombreux frais.
Enfin, apprenez qu’il est interdit de détenir un hérisson, même si vous l'avez trouvé dans votre jardin. Alors si vous voulez vraiment venir en aide à l’un d’eux, vous pouvez l’amener à l’un des centres autorisés en France (dont voici la liste complète). Ainsi, les hérissons reviendront chasser limaces, sauterelles, criquets, et escargots dans nos jardins rendant encore plus inutiles l'usage de pesticides. La biodiversité vous dit déjà merci.
🆘 Nous avons besoin de vous pour trouver 100 k€ pour rénover le le bâtiment que la Mairie de Paris met à notre disposition pour la création d'un centre de sauvegarde pour le Hérisson d'Europe. 1⃣@C_Najdovski @prefpolice @OFBiodiversite @b_abba @EFolest @VINCI_fr @hugoclement pic.twitter.com/lvqNt76Abs
— 🦔 Erinaceus France (@ErinaceusFrance) March 22, 2022