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Selon l’OMS, entre 10 % et 20 % des personnes touchées par un Covid long souffrent d’anosmie, la désormais bien connue perte de l’odorat. Une équipe du département de physiologie et de biophysique de l'Université du Commonwealth de Virginie aux États-Unis planche sur un système implanté dans le cerveau qui pourrait recréer artificiellement l’odorat.
La piste du nez bionique
Passionné d'électronique autoproclamé, Richard Costanzo, professeur de physiologie et de biophysique s’évertue depuis le début de sa carrière à essayer de traiter tous les cas d’anosmie. En 2011, quand il rencontre Daniel Coelho, professeur d'otorhinolaryngologie, expert en implants cochléaires, il flaire la bonne piste. Les deux hommes s’attèlent alors à la mise au point d’un nez artificiel, un nez bionique. Ont-ils été inspirés par la série des années 70 « L’homme qui valait 3 milliards » ? Nul ne le sait et peu importe. En 2016, les chercheurs obtiennent un brevet américain pour un premier système d'implant olfactif. Aujourd’hui leurs travaux sont plus que jamais d’actualité avec les effets délétères du coronavirus sur ce sens essentiel.
With this bionic nose, COVID survivors may smells the roses again. @IEEESpectrum profiles @VCU professor Richard Costanzo's decades-long quest pairs an e-nose with a brain implant. https://t.co/javHfExzxs
— VCU News Center (@VCUnews) October 17, 2022
L’odorat, un sens très complexe
Gros challenge : un nez humain peut distinguer 1000 milliards d'odeurs à partir de ses 400 types de capteurs olfactifs différents. La première étape consiste à concevoir un système électronique capable d’identifier un maximum d’odeurs. Ça, on sert faire depuis longtemps ! Pensez au détecteur de monoxyde de carbone, par exemple. Cependant, à ce jour, les premiers prototypes ne reconnaissent qu’une dizaine d’odeurs. C’est peu…Ensuite, il s’agit de transmettre toutes ces informations olfactives au cerveau. Mais par quel chemin et dans quelle partie de ce dernier ? Dans les deux bulbes -dont c’est le boulot- placés derrière la cavité nasale ou directement dans les zones du cerveau consacrées à la mémoire et aux émotions ? « Placer des électrodes sur le bulbe olfactif serait une première », explique Daniel Coelho dans la revue scientifique IEEE Spectrum.
Comme un parfum d’espoir
Malgré la difficulté, les chercheurs ont envie de laisser flotter dans l’air du temps comme un parfum d’espoir. Ils veulent s’appuyer sur le principe de l’implant cochléaire de l’audition pour l’appliquer à un usage olfactif. "Il s'agit de prendre quelque chose du monde physique et de le traduire en signaux électriques qui ciblent stratégiquement le cerveau", poursuit Daniel Coelho. Richard Costanzo, quant à lui, ne veut pas donner l'impression aux personnes souffrant d’anosmie qu'un appareil commercial sera disponible d'un jour à l'autre. Mais il veut offrir de l'espoir. "Restaurer la capacité des gens à sentir et à goûter est le but ultime. Je pense qu'il nous faudra encore plusieurs années avant d'y parvenir mais je pense que c'est faisable " déclare-t-il, lui aussi, dans IEEE Spectrum.
Pourvu que ces chercheurs aient le nez fin...ou creux !