Rendre l'eau de mer potable

30% du monde meurt de soif ? Cette invention rend l’eau de mer potable en quelques minutes

Les techniques de désalinisation de l’eau de mer existent déjà, mais en améliorant l’un d’elle, des Coréens offrent une solution pérenne pour les millions de personnes qui n’ont aucun accès à l’eau.
  • N’attendez pas une machinerie complexe, l’invention des scientifiques de Corée du Sud n’est en vérité qu’une sorte de filtre. Mais pour comprendre le poids de leur découverte, il faut prendre beaucoup de recul et regarder notre monde. Sur les 1,3 milliard de km³ d’eau que contient la « planète bleue », seulement 1 % est de l’eau douce. Le reste est salé, bien trop pour être bu ou même servir notre hygiène. Une rareté qui a pour conséquence de générer des tensions, voire des affrontements armés.

    785 millions de personnes dans le monde n’ont pas accès à l’eau potable, selon les chiffres de l’ONU de 2019 et le réchauffement climatique renforce la situation chaque année. Comme si cela ne suffisait pas, le problème s’est encore accentué avec la pandémie de Covid-19, le lavage régulier des mains étant encouragé comme geste barrière.

    Bouteilles à la mer

    Seule option pour les états touchés, la désalinisation d’eau de mer. Loin d’être un choix isolé, plus d’une centaine de pays ont recours à ce procédé qui devient leur principal source d’eau. Quand loin au bout de votre robinet se trouve une source de montagne, eux ne trouveront qu’une usine. Un soulagement pour les populations qui n’est hélas pas inoffensif pour l’environnement.

    En effet, la désalinisation industrielle est responsable du rejet de saumure dans les océans, une solution contenant un concentré de sel, du cuivre et du chlore. Or comme le monde compte plus de 15 000 usines de dessalinisation, Selon l’ONU, l’industrie en relâche 141 milliards de m³ chaque jour sur les 95 millions de m³ d’eau potable produite. En clair, plus on produit d’eau buvable, plus on empoisonne l’océan. Il est donc urgent de trouver comment stopper ce carnage océanique, et c’est là que nos chercheurs apportent un sérieux soutien.

    Renverser la vapeur

    L’Institut de technologie et de génie civil de Corée du Sud (KICT) s’est attelé à améliorer une des techniques de désalinisation déjà existante, la « distillation sur membrane ». On fait bouillir une masse d’eau de mer, laissant la vapeur passer au travers d’un film poreux qui retient le sel, avant d’être récupérée dans une cuve d’eau douce.

    L’équipe du Pr. Yunchul Woo a conçu une membrane en nanofibres par électrofilage dont les trous mesurent moins d’1 micron de diamètre. A en croire les résultats de leurs expérimentations, l’avantage est que le film filtrant retient plus de 99 % des sels et qu’il a une durée de vie de 30 jours quand les techniques classiques ne dépassent pas 48 heures.

    Reste un défaut notable : une lourde consommation énergétique. Voyons le verre à moitié plein : les pays visés étant soumis à un très fort ensoleillement, les unités de désalinisation pourront être couplées avec des centrales photovoltaïques.

    L’ONU alerte chaque année sur le manque d’eau qui ne fait qu’accroître les tensions entre les états et creuser le fossé entre les pays riches et ceux en développement. On peut aujourd’hui affirmer que, si nous participons à financer son implantation, cette technologie est un premier pas qui évitera des morts et de vastes mouvements migration de réfugiés climatiques.

    KICT electrospun menbrane

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