2021 M05 21
Mais qu'elle est belle, mais qu'elle est bleue. On ne le voit ni depuis les hauteurs de la Bonne Mère ni dans les calanques mais le littoral qui s’étire de Marseille à La Ciotat est riche. Riche de nombreuses espèces et d’habitats divers. Daurades, mérous, rascasses, congres, sars ou loups ne sont que quelques unes des espèces locales. Pour s’en rendre compte, il faut pousser jusqu’au Parc national de Port Cros… ou jeter un œil dans les conteneurs que garde précieusement Ecocéan au Grand Port de Marseille.
Cette société installée à Montpellier s’active en effet depuis 2015 à ralentir les effets délétères de l’activité humaine en mer (notamment la surpêche) sur les formes de vie sous-marine. Car, qu’on se le dise, il n’y a pas que la déforestation et la pollution qui menacent la biodiversité.
Allo maman, bobo
« Dans le Var, 40 % du littoral est artificialisé » résume au Parisien Gilles Lecaillon directeur d'Ecocéan. L’urbanisation côtière qui remplace les rochers par des quais en béton et les nombreux navires transitant ont accentué le réchauffement climatique. Ce qui a perturbé les cycle de vie des poissons qui se reproduisent moins ou moins efficacement : à l’étape de croissance des « post-larves », le taux de mortalité atteint 90%. Il en résulte une baisse de la population marine et un appauvrissement de sa biodiversité.
Inquiet de ces disparitions et de celles qu’elles vont elles-même engendrer dans l'écosystème, par ricochets, Ecocéan a décidé de mouiller le maillot et appliqué une méthode nommée BioRestore et qui consiste à élever des poissons dans un espace protégé avant de les réintroduire. Et pour ça, ils ont créé la nurserie de post-larves CasCioMar.
Des pêcheurs sauveteurs de poissons
Pour ramener les précieuses larves, ce sont les pêcheurs de Cassis, La Ciotat et Marseille qui leur prêtent main forte, attirant ces mini-organismes d’un à deux centimètres dans des pièges lumineux lors de leur tournées. Ramenés au centre de CasCioMar (qui réunit les trois criques), ils sont élevés et nourris pour se développer. Entre ces précieuses mains, le taux de mortalité tombe à 10 %. Un miracle. Arrivés à maturité, 4 à 6 mois plus tard, les poissons sont alors relâchés dans leur écosystème où ils pourront vivre leur vie et fonder leur propre famille.
« Depuis leur lancement, plus de 5000 poissons ont été ainsi biberonnés et remis en liberté. Sans Ecocéan, 4500 n'auraient pas survécu. »
Pour repeupler les océans, Ecocéan compte bien multiplier ces nurseries dans d’autres ports dont Toulon, mais aussi toute l’Europe du Nord : Danemark, Pays-Bas. Mais la pêche de post-larves n’est pas suffisante et la société voit déjà plus loin. Elle a notamment lancé des boutures de corail, comme on le ferait pour des plantes, afin de cultiver ce précieux maillage océanique avant d’aller le replacer là où la biodiversité en a besoin. Ecocéan a aussi installé des Biohuts, une sorte de crèches sous-marines où se réfugient les poissons et les a installé dans 25 ports de France. « Les études scientifiques ont démontré qu’il y a 2 à 10 fois plus de post-larves dans les ports équipés » sourit Gilles Lecaillon. Car ce n’est pas tout d’aider les bébés à grandir, encore faut il leur offrir un océan où grandir et vivre.