Bye-bye la sécheresse : la NASA a réussi à transformer l'urine en eau potable

L'agence spatiale américaine a mis au point un système fiable à 98 % pour transformer sueur et urine en eau potable, ressource rarissime dans l’espace. Mais cela pourra servir aussi sur Terre, partout là où frappe le réchauffement climatique. Prêts à goûter ?
  • Il y a longtemps que la NASA cherche à améliorer le recyclage de l’eau sale pour abreuver ses astronautes durant les longues missions spatiales, que ce soit à bord de la station internationale (ISS) ou pour de futurs voyages interstellaires. Normal, sans eau pas de vie. En particulier pour les humains qui en dépendent entièrement : l’eau transporte notre sang, nos larmes et autres sécrétions, elle aide à réguler notre température par sudation et permet l’éviction des déchets organiques par l’urine.

    C’est bien simple, on considère qu’il n’est pas possible de survivre au-delà de 5 jours sans boire. Hé bien, bonne nouvelle, la NASA semble détenir une source fiable pour récupérer et réutiliser nos rejets d’eau et la rendre potable à nouveau. C’est ce que l’agence spatiale a explicité dans un article officiel sur son site.

    A l’eau Houston, on a un problème ?

    Avant tout retraitement, il faut collecter les eaux impropres. Cela tombe bien, l’ISS est bien équipée pour cela : un système de survie (nommé Environmental Control and Life Support System) centralise ce que récupèrent deux sous-systèmes indépendants. Les déshumidificateurs du WPA (Water Processor Assembly) captent l’humidité atmosphérique, provenant de transpiration ou d’éternuements par exemple, en séchant l’air de la station ; et l'Urine Processor Assembly (UPA) distille l’urine sous vide pour séparer eau et urée avant d'ajouter une goutte d’iode afin de tuer les éventuels microbes.

    Une collecte efficace mais encore faut-il rendre toute cette eau buvable. C’est pile ce que fait le Brine processor system (BPA), qui s’efforce d’extraire la saumure qui subsiste dans l’eau. Avec ce BPA, la NASA aurait atteint un taux de recyclage de 98% (contre 93% jusqu’alors). Pas mal !

    L’eau recyclée jusqu’alors servait déjà aux astronautes (durant sa mission en ISS en 2015, l’astronaute Scott Kelly en a déjà absorbé 730 litres en tout et se porte très bien). L’enjeu n’est pas tant la qualité ou la potabilité que la quantité : la NASA cherche à réduire les pertes. « Il s'agit d'un pas en avant très important dans l'évolution des systèmes de survie » a déclaré Christopher Brown, membre du Johnson Space Center qui en charge de la survie à bord de l’ISS.

    Et pour cause : chaque membre d'équipage a besoin d'environ 3,8 litres d'eau par jour, pour sa consommation, la préparation des aliments et son hygiène (lavage corporel et brossage des dents). Pas de toilettes sèches dans l'espace mais par économie, les WC fonctionnent par aspiration et non par expulsion dans un liquide. C'est déjà ça.

    Et glou et glou

    Si la NASA peut être fière d’avoir réussi une telle performance en micr-gravité dans l’ISS, le BPA utilise un système déjà connu, combinant membranes filtrantes et séchage. Ce système indispensable pour voyager vers Mars et au-delà serait déjà bien utile sur Terre.

    NASA water reclamation

    En effet, le réchauffement climatique induit des épisodes de sécheresse terribles de plus en plus fréquents partout sur la planète. C’est notamment au Chili où, selon l’ONU, 76 % des sols du pays subissent une dégradation voire une désertification, mais aussi dans les états du sud-ouest des États-Unis et en Europe du Sud dont certains départements de France.

    Seul défaut de l’installation de la NASA, elle nécessite des espaces clos pour la collecte de l’air. Mais en recyclant 98% de l’eau, on limiterait le recours à des eaux puisées qui assèchent les nappes phréatiques, et à la consommation d’eaux impropres, phénomènes qui empoisonnent encore trop souvent l’Afrique et les DOM-TOM.

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