2021 M06 25
39 % des Rwandais en ville et 66 % dans les campagnes mettent au moins une demi-heure pour accéder à une source d’eau propre. Selon l’Unicef, les diarrhées, le plus souvent liées à un accès difficile à l’eau, sont la seconde cause de mortalité chez les enfants de moins de 5 ans au Rwanda. « Plus de 200 millions d’heures sont utilisées en Afrique chaque jour par les femmes pour trouver de l’eau potable » avance Christelle Kwizera.
Alors, pour lutter contre cette injustice, la patronne de Water Access Rwanda, ingénieure en mécanique de formation, a mis au point un système de restauration des puits défectueux qui assure l’accessibilité à l’eau pour un prix raisonnable. Ses employés se déplacent dans des villages où les points d’eau ne sont plus utilisables. Ils les rénovent et ils installent une pompe qui peut fonctionner aussi bien à l’électricité qu’à l’énergie solaire. « La mission de mon entreprise est d’utiliser les jeunes travailleurs comme pourvoyeur de solutions dans le secteur de l’eau. Je pense que la meilleure chose pour un entrepreneur, c’est de résoudre un problème. J’ai vu que mon projet inspirait les jeunes gens avec qui nous travaillions, donnant plus de sens à leur vie quotidienne qu’un simple emploi. J’ai constaté que nous avions un impact sur les communautés au-delà de l’accessibilité à l’eau » explique fièrement la jeune femme.
Des kiosques d’eau publics
Depuis sa création en 2014, la startup rwandaise a installé 24 mini-réseaux de distribution d’eau potable qui servent 71 000 utilisateurs quotidiens. Ses clients peuvent soit s’approvisionner à des kiosques publics pour un franc rwandais le litre, ce qui correspond à près de 1 100 litres pour un euro soit ils font installer l’eau courante chez eux moyennant un compteur prépayé.
En 2019, Water Access Rwanda affichait un chiffre d’affaires de 290 000 euros. La quasi-intégralité de la somme a été réinvestie dans de nouveaux puits et de nouvelles pompes. L’entreprise a fixé son seuil de rentabilité pour 2022. Et Christelle Kwizera veut accélérer : « Nous voulons être capables d’installer une centaine de mini-réseaux par mois pour diviser par deux le prix par installation. Et quand on voit le nombre de jeunes au chômage en Afrique si on investit dans les infrastructures pour apporter de l’eau potable, on pourrait créer beaucoup d’emplois ». La tâche est immense : 440 millions d’Africains n’ont toujours pas accès à l’eau potable.
Une jeune femme récompensée dans le monde entier
Grâce à ses mini-réseaux de distribution, la jeune entrepreneuse rwandaise croule sous les distinctions. Elle a notamment été élue « Femme entrepreneuse de l’année » en 2019 à Paris. Elle a reçu la même année le Africa Netpreneur Prize à Accra. Enfin, en décembre dernier, elle a remporté le Cisco Youth Leadership Award. Un prix prestigieux qui récompense de jeunes gens qui, par leur action positive, apportent une contribution significative pour mettre fin à l’extrême pauvreté dans le monde.