Cette startup transforme l'urine humaine en fertilisant bio

L’urine est riche en azote, phospore, potassium et micronutriments, des éléments essentiels pour l’agriculture. Il n’en fallait pas plus à Michael Roes, le jeune patron de Toopi Organics pour faire breveter un incroyable procédé de recyclage de nos pipis. Déjà à la tête d’une entreprise de biostimulants agricoles, il a eu le déclic quand un ami, loueur de toilettes sèches lui a demandé s’il n’avait pas une idée pour utiliser l’urine qu’il collectait au lieu de devoir payer pour s’en débarrasser. « En l’état, l’urine n’est pas un bon engrais car pas assez concentré. J’ai changé le paradigme en l’utilisant comme milieu de culture pour faire pousser des bactéries capables de remplacer les engrais chimiques ». Et le pipi s’est révélé être un excellent bouillon du culture…milieu de culture, pardon ! Il ne restait alors plus qu’à écrire et faire valider le processus complet de la collecte à l’épandage.

De la miction à l’obtention d’un fertilisant bio

Toopi Organics collecte l’urine pure -sans rien d’autre, c’est important- dans les bâtiments recevant du public comme les établissements scolaires, les aires de repos sur les autoroutes, les stades ou les parcs d’attraction, après quelques adaptations. « On modifie les sanitaires pour mettre des urinoirs féminins et masculins sans eau qui sont connectés à des cuves de collecte. Quand elles sont pleines, on récupère le contenu pour le transformer ». Ok, jusqu’ici c’est peu glamour mais pour la suite, pas d’inquiétude, il y a une filtration pour ôter les hormones, les antibiotiques et tout ce qui est toxique. « Puis on met l’urine filtrée et hygiènisée dans de gros biofermenteurs de 5000 litres. On ajoute du sucre et un concentré de bactéries avant de faire chauffer le mélange quelques jours ». Et c’est tout ! En fin de cuisson, le liquide obtenu est un fertilisant avec plein de bonnes bactéries 100% bio, sans déchet, sans odeur et pulvérisable tel que sur les champs. « Le produit fini est même utilisable en babyfood, l’alimentation pour les bébés », affirme Michael Roes qui n’a toutefois pas encore osé y goûter.

Toopi Organics recycle aussi l’urine de ses collaborateurs

Si Toopi Organics n’a pas encore de chiffre d’affaires, son modèle économique est déjà posé et solide. Il consiste à monter des unités de transformation de l’urine sur les territoires en étroite collaboration avec les coopératives agricoles qui s’occuperont de la distribution auprès des agriculteurs. « On arrive à remplacer une bonne part des engrais chimiques avec nos produits ». Cette innovation de recyclage du pipi humain s’inscrit dans un modèle circulaire, local et reproductible. Toutes les activités (collecte, transformation, utilisation) peuvent être conduites dans un rayon de 100 kilomètres. Et pour donner l’exemple, Michael Roes collecte même l’urine des collaborateurs. La startup est dans les starting blocks pour la commercialisation de son fertilisant bio. « On a sécurisé 3 millions de litres d’urine par an. Tout ce qu’on peut produire est déjà vendu pour les 3 prochaines années ». L’entreprise vient d’obtenir l’autorisation de mise sur le marché en Belgique et l’attend pour la France courant 2022.