2023 M01 19
Alors que les abeilles disparaissent déjà à cause du réchauffement climatique, des monocultures et du recours à des traitements phytosanitaires, un nouveau mal frappe les ruches domestiques. Une bactérie nommée Paenibacillus larvae provoque la loque américaine (ou American foulbrood) : une maladie contagieuse qui décime les couvains, c’est à dire l’endroit où la reine nourrit ses larves. La contamination finit par éradiquer toute la colonie en moins d’une semaine.
Jusqu’ici, on ne connaissait aucun traitement. Hélas, la maladie a été diagnostiquée dans près d’1 ruche sur 4 aux États-Unis, rapporte le Guardian. Elle est en effet aisée à reconnaître car elle « réduit les larves à cette substance gluante brune qui a une puanteur rance », comme le décrit l’entomologiste américain Keith Delaplane.
Les apiculteurs n’ont alors pas d’autre choix que de brûler la ruche et détruire leurs outils. C’est pourquoi l’annonce d’un vaccin a été prise avec le plus grand sérieux outre-Atlantique.
Pas de piqûre pour les abeilles
Il s’appelle PrimeBEE (abeille primaire) et a été conçu par le labo de biotechnologie Dalan Animal Health et vient d’être agréé par le ministère de l’Agriculture américain. Remis aux apiculteurs, le remède contient un mélange de gelée royale et de bactérie Paenibacillus larvae. Les ouvrières la traitant comme leur propre gelée, en nourrissent leur reine qui transmet le vaccin aux larves en croissance dans ses ovaires. A terme, ce traitement sauve la colonie en ne mettant au monde que des abeilles protégées.
US government approves use of world’s first vaccine for honeybees https://t.co/HJD4APMBFz
— Guardian news (@guardiannews) January 5, 2023
Surtout, la découverte réalisée à l’origine par deux chercheurs de l’Université de Helsinki, Dalial Freitak et Heli Salmela, s’avère un tournant scientifique. En effet, contrairement aux autres animaux, les abeilles ne développent pas d’anticorps. Aucun vaccin ne peut donc les aider à se protéger des maladies. Ce qui fait de ce vaccin un changement d’approche majeur, un peu comme le fut le vaccin à ARN messager pour la Covid-19 par exemple.
L’espoir d’un monde mieleur
« Nous sommes prêts à changer la façon dont nous prenons soin des insectes, a déclaré la directrice de Dalan, ce qui aura un impact sur la production alimentaire à l'échelle mondiale. » Car cette forme de vaccin pourrait protéger les abeilles contre d’autres agents pathogènes, à commencer par la loque européenne.
Notons que malgré son nom, la loque américaine est bien présente partout dans le monde, hormis dans la partie sud de l’Afrique. En Europe, les antibiotiques sont interdits pour les apiculteurs ; une garantie visant à préserver le miel et ceux qui le consomment. Ce nouveau type de vaccin pourrait donc éviter le recours aux antibiotiques.
C’est aussi une chance pour limiter le déclin des abeilles qui accélère chaque année. Alors que le monde fait face à une inflation généralisée, soulignons, pour conclure, que de par leur fonction de pollinisation, les abeilles sont essentielles à la biodiversité agricole et que leur déclin entraînerait une hausse des prix des aliments dans le monde entier. Alors même si ce vaccin ne sauve qu'1% des abeilles ce sera déjà une excellente nouvelle.
Crédit images : Dalan