Des tomates et du blé qui poussent dans le désert, c'est possible

Avec le réchauffement climatique, les rendements agricoles baissent inexorablement. Comment faire pour continuer à pouvoir nourrir 8 milliards d’individus ? Un collectif de chercheurs a étudié une vingtaine de plantes poussant dans un désert sud-américain pour comprendre leur mécanisme d’adaptation aux températures extrêmes. Objectif : faire évoluer nos végétaux locaux comme la tomate ou le blé, de sorte qu’ils résistent à nos sécheresses de plus en plus fréquentes.
  • Ils voulaient comprendre les mécanismes biologiques d’adaptation aux conditions climatiques extrêmes des plantes du désert. Des chercheurs de l’INRAE, l’institut national de la recherche agronomique de l’Université de Bordeaux et de l’Université pontificale catholique du Chili, ont découvert que des croisements avec des plantes agricoles des milieux tempérés pourraient permettre à ces dernières de s’adapter au réchauffement climatique. Ils ont compilé leurs résultats dans une étude publiée en mars dernier.

    Le désert, un milieu plus propice qu’il n’y parait

    Le désert n’est pas exactement ce que l'on croit. Il n’est pas uniquement constitué d’une enfilade de dunes de sables ou de surfaces caillouteuses arides. Il y pousse certaines plantes qui se sont adaptées en quelques millions d’années à des conditions a priori peu favorables à la Vie comme la rareté de l’eau, la forte luminosité, la salinité du sol et la faible teneur en azote. Le collectif de chercheurs qui regroupait plusieurs nationalités a ainsi étudié 24 espèces de plantes différentes qui s’épanouissent dans le désert d'Atacama, en Amérique du Sud. Parmi elles, plusieurs espèces de piments ou de haricots verts, des plantes comestibles qui ont donné des idées à ces scientifiques de haut vol.

    Un recensement de molécules révélateur

    L’étude des acides aminés, des sucres, des acides gras et de l’hydrate de carbone, a permis aux chercheurs d’identifier 39 molécules qui expliquent la résistance de ces plantes au climat désertique. Parallèlement, ils ont constaté que certaines de ces molécules étaient également présentes dans le maïs, les pois, les tomates ou encore les tournesols. L’aubaine ! Cette découverte pourrait accélérer la recherche agronomique sur les croisements génétiques dans la résilience des plantes agricoles au réchauffement climatique.

    La cruciale préservation des rendements

    Avec l’augmentation de la température globale de la planète, le rendement de certaines espèces agricoles baisse. Selon l'INRAE, si les agriculteurs continuent de faire pousser les mêmes variétés de blé ou de maïs, la production baissera singulièrement d'ici à 2050. Aussi, l'institut est convaincu qu’un brassage génétique permettrait à ces cultures de résister au changement climatique. 


    Chez la tomate, les pertes de rendement pourraient se chiffrer de 70% à 90%.  Lancé en 2015, le projet européen TomGEN a justement choisi la tomate comme modèle pour étudier les mécanismes qui permettent aux plantes d'être produites en grande quantité. Avec 160 millions de tonnes produites en 2012 selon la FAO, elle est certes adaptée à la chaleur mais elle peut alors donner des fruits sans qualité gustative voire non-comestible. Les scientifiques du TomGEN tentent d'identifier les gènes responsables de cette tolérance au soleil pour procéder à des croisements avec des tomates dites "élites" pour obtenir de nouvelles espèces de tomates qui auront bon goût. 

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