2022 M06 17
Le secteur du bâtiment est l’un des trois secteurs les plus polluants en France. Il est responsable de 19% de nos émissions nationales de gaz à effet de serre. Ce sont en particulier les travaux de construction qui ont un rôle majeur dans cette pollution, et notamment à cause du béton.
Le béton est en effet très polluant, il serait responsable aujourd’hui d’environ 8% des émissions de CO2 dans le monde. Ce sont les deux matériaux qui entrent dans sa composition qui expliquent cela : le sable et le ciment.
Il faut en effet savoir que le sable est la deuxième ressource la plus consommée au monde après l’eau, et devant le pétrole. Il faut par exemple extraire 30 000 tonnes de sable pour la construction d’un seul kilomètre d’autoroute. Quant au ciment, sa fabrication s’obtient par la transformation du calcaire et de l’argile dans des fours capables de monter à environ 2 000°C. Ce qui est rendu possible grâce à la combustion d’énergies fossiles qui entraîne un rejet important de CO2 dans l’atmosphère.
Mais ça, c’était avant ! Car depuis quelques temps, des initiatives émergent pour réinventer le béton autour de matériaux issus de la nature. Et cela pourrait changer la donne.
Des coquilles d'huîtres pour un béton plus durable ?
Et parmi ces nouveaux matériaux, le département de l’Hérault expérimente en ce moment un béton fabriqué à partir de coquilles d’huîtres. Un procédé innovant qui s’inscrit dans une logique circulaire, puisqu’il s’appuie sur les exploitations conchylicoles de l’étang de Thau, située au sud de Montpellier. Les déchets de coquilles d'huîtres sont ainsi broyées et viennent remplacer le sable lors de la fabrication du béton.
Pour le moment, ce procédé expérimental ne permet pas encore de construire des immeubles en coquilles d'huîtres, mais il a été utilisé pour la création d’une piste cyclable. Une première en France qui pourrait ouvrir la voie à de nouvelles manières de concevoir le béton avec des matières biosourcées comme le lin, le chanvre, le bois ou encore le liège. Il existe aujourd’hui quelques prototypes de ces “bétons verts”, mais il faudra encore quelques années avant qu’ils ne deviennent la norme.
Et en attendant, les professionnels du secteur réfléchissent aussi à d’autres alternatives comme le recyclage du béton. Une méthode qui pourrait permettre de réduire la consommation de matières premières, mais aussi le volume de déchets produits par le secteur du BTP.
Vers un recyclage du béton ?
Depuis quelques années, une startup française du nom de Materr’Up récupère des terres de chantier qu’elle mélange avec de l’argile afin de créer un ciment “éco-conçu” qui peut remplacer le ciment traditionnel. Une méthode qui séduit et qui pourrait rapidement passer à l’échelle : 40% des déblais inhérents au chantier du Grand Paris pourraient être valorisés avec cette technologie.
C’est aussi dans ce cadre que les professionnels du secteur ont créé le programme "recybéton", afin de recycler chaque année 20 millions de tonnes de déchets de béton pour créer de nouveaux ciments. Une bonne nouvelle pour la planète qui pourrait donc nous permettre de continuer de construire nos routes et nos maisons tout en ayant un impact réduit sur la nature et la biodiversité.